Infos Sports of Tuesday, 23 September 2025

Source: www.camerounweb.com

Lions Indomptables : Vincent Aboubakar hanté par le fantôme d'Eto'o

Vincent Aboubakar hanté par le fantôme d'Eto'o Vincent Aboubakar hanté par le fantôme d'Eto'o

Cinq mois sans club, et pourtant zéro inquiétude. Vincent Aboubakar dort sur ses deux oreilles, car il sait qu'il n'a rien à craindre : sa place chez les Lions Indomptables est garantie. En octobre prochain, il sera convoqué. Mieux encore : il pourra même être titulaire, pendant que des attaquants en jambes, eux, s'échauffent tristement sur le banc de touche.


Pourquoi cet état de grâce scandaleux ? Parce que certains Camerounais ont transformé Aboubakar en véritable mission nationale : battre le record de meilleur buteur de l'histoire des Lions Indomptables. Comme si le plus grand adversaire des Lions n'était plus un pays concurrent, mais un fantôme du passé : Samuel Eto'o.


Cette obsession collective confine à l'absurdité. Qui pour rappeler à ces nostalgiques qu'Eto'o a raccroché les crampons depuis longtemps, et que le plus important aujourd'hui, c'est la performance collective de l'équipe nationale ? Qui pour leur expliquer que les records individuels ne valent rien sans les victoires d'équipe ?


La mascarade a trouvé son chef d'orchestre en la personne de Marc Brys, sélectionneur belge devenu gardien de temple d'un système perverti. Non content de garantir la titularisation d'Aboubakar, Brys pousse le vice jusqu'à mettre le préparateur physique des Lions au service personnel de son capitaine sans club.
Cette dérive institutionnelle transforme l'équipe nationale en service de conciergerie pour un joueur privilégié. Comment peut-on accepter qu'un sélectionneur détourne les ressources de la fédération pour maintenir en forme un joueur qui ne trouve même pas de club ?


Tout est désormais organisé pour institutionnaliser ce capitaine fantôme dans une équipe nationale transformée en cercle d'amis. Les jeunes talents camerounais peuvent bien briller en Europe, multiplier les buts et les performances : la place de numéro 9 est déjà prise, réservée à vie au nom d'un record à battre.


Cette logique clientéliste mine les fondements même de la méritocratie sportive. Comment motiver une génération montante quand elle sait que les places sont distribuées selon des critères extra-sportifs ? Comment construire un collectif fort quand certains joueurs bénéficient de privilèges inouïs ?

Le drame, c'est que ce faux amour collectif autour d'Aboubakar prépare un véritable désastre pour le football camerounais. Car à force de protéger l'indétrônable, ce sont les Camerounais eux-mêmes qui paieront l'addition : par des performances médiocres sur le terrain, par une probable élimination précoce dans les compétitions importantes, par une Coupe du Monde 2026 qui s'éloigne dangereusement.


Les adversaires du Cameroun se frottent déjà les mains en voyant cette équipe prisonnière de ses propres contradictions. Pendant que d'autres nations construisent l'avenir avec leurs jeunes pousses, les Lions Indomptables s'enlisent dans une nostalgie stérile.

Samuel Eto'o continue de hanter le football camerounais, mais pas de la manière qu'on pourrait croire. Son ombre ne plane pas comme source d'inspiration, mais comme obsession paralysante. Au lieu de s'en servir comme modèle d'excellence pour élever le niveau général, on en fait un objectif comptable qui justifie tous les compromis.

Cette approche révèle une mentalité perdante : plutôt que de viser l'excellence collective qui permettrait naturellement l'émergence de nouveaux records, on sacrifie le présent de l'équipe sur l'autel d'un passé révolu.

Il n'y a pas d'autre mot pour qualifier cette situation. Pathétique de voir une nation de football s'embarrasser de tels calculs. Pathétique de voir un sélectionneur renier ses principes pour complaire à une logique de chapelle. Pathétique de voir l'équipe nationale otage d'un seul homme, fût-il capitaine.
Le Cameroun mérite mieux que cette mascarade. Les Lions Indomptables méritent mieux que cette instrumentalisation. Et surtout, les jeunes talents camerounais méritent une chance équitable de porter le maillot national, sans avoir à subir les caprices d'un système à bout de souffle.