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Infos Sports of Wednesday, 1 February 2017

Source: press-sport.com

Hugo Broos n’a toujours pas trouvé une équipe type

Bernard Collignon l’agent de joueurs FIFA Bernard Collignon l’agent de joueurs FIFA

Présent au Gabon depuis le début de la CAN 2017, Bernard Collignon l’agent de joueurs FIFA fait une lecture de la performance des Lions Indomptables.

Quelle analyse faites-vous du parcours des Lions Indomptables ?

Les choses n’ont pas été faciles dès le départ pour les Lions Indomptables, parce qu’ils étaient dans un groupe avec le pays organisateur. Ils ont pu s’en sortir de cette phase de poule de façon normale, un peu moyenne. C’est vrai qu’ils étaient attendus pour ce match contre le Sénégal où en termes de valeur intrinsèque, les joueurs sénégalais étaient au dessus, sur le papier. Mais tout a tourné à l’avantage des Lions Indomptables parce que le Cameroun a toujours eu un impact psychologique.

Justement, qu’est-ce qui fait gagner le Cameroun ?

Le joueur camerounais a déjà un mental reconnu sur le plan africain. Dès lors, tout allait dépendre de la façon dont les Lions Indomptables allaient engager le duel physique dès l’entame du match et c’est ce qui a été fait. Quand j’ai regardé les dix premières minutes, j’ai su que le Cameroun allait passer parce que les gars étaient tous déterminés du début à la fin, en démontrant la valeur qu’on reconnaît aux joueurs camerounais et ils nous ont vraiment fait plaisir.

Quelle appréciation faites-vous de cette stratégie mise en place par le coach Broos contre le Sénégal ?

Les Lions ont laissé le ballon aux Sénégalais. Mais je pense qu’ils ont aussi pris le jeu à leur compte. Ce qui a été déterminant, c’est le combat physique, du début à la fin. Les Sénégalais étaient très émoussés à la fin du match. J’ai d’ailleurs envoyé un Sms au préparateur physique, Christophe Manouvrier, parce qu’il a fait un énorme travail lors de la préparation. Tenir 120 minutes dans un match de cette ampleur, c’est ce qui a fait la différence. Les choix d’Hugo Broos ont toujours suscité la polémique, parce qu’il n’a pas toujours trouvé une équipe type.

Comment appréciez-vous cette instabilité ?

Au Cameroun, c’est assez compliqué parce qu’il y a 23 millions d’entraîneurs. Moi-même, je me suis posé la question sur la non titularisation de Nicolas Nkoulou. Mais, à partir du moment où un entraîneur impose ses choix et que ça marche, il a raison. L’entraîneur fait avec les joueurs qu’il a. Pour le moment, il impose ses choix et ça marche. J’ai toujours du respect pour un entraîneur qui impose sa façon de faire et qui va jusqu’au bout de sa logique. A partir du moment où ça marche, on ne peut rien dire.

Le Cameroun affronte le Ghana en demi-finale. Comment entrevoyez-vous cette partie ?

Ça va être encore plus difficile, parce que le Ghana, sur le plan physique, est au dessus du Sénégal. En termes de palmarès, le Ghana a le même nombre de trophées remportés que le Cameroun. Ce sera un très grand match.

Que doivent faire les Lions pour vaincre sur les Black Stars ?

Ils doivent avoir la même attitude sur le plan physique, à savoir remporter tous les duels, se surpasser sur le plan physique, parce que je pense que la clé de ce match sera le combat physique comme ils l’ont fait contre le Sénégal. Mais aussi, sur les occasions de buts qui se présenteront, il ne faudra pas les manquer, parce que les joueurs ghanéens sur le plan technique, sont souvent qualifiés de Brésiliens d’Afrique.

Quel est le piège à éviter par les lions ?

Ils devront garder la même concentration, le même influx nerveux, qui n’est pas évident. J’ai par exemple eu Adolphe Teikeu hier (dimanche, ndlr) au téléphone, qui me disait qu’il était très fatigué. C’est à ce niveau qu’il faudra faire attention, parce que le match contre le Sénégal a laissé des traces. Alors que les Ghanéens – on ne va pas dire qu’ils se sont qualifiés facilement – ne sont pas allés aux prolongations et les tirs aux buts, avec tout ce que ça comporte et ce que ça puise comme influx nerveux. Il va falloir une bonne récupération et c’est la clé pour le prochain match.

Malgré ces résultats, d’aucuns estiment que Matip et Choupo-Moting manquent à cette équipe. C’est aussi votre avis ?

Tout est discutable. Mais, dans la vie, il ne faut pas vivre avec des « Si ». Ils ne sont pas venus et on doit faire confiance à ceux qui sont là. Ils savent qu’ils ont une carte à jouer et ils doivent saisir leur chance. Vous êtes un expert dans le monde du football et ces joueurs ont justifié leurs absences par des raisons multiples.

Selon vous, comment faire pour éviter cette situation qui handicape l’équipe nationale ?

C’est assez complexe. Je ne vais pas remettre en question les choix de chaque footballeur, parce que dans la vie on fait des choix, parce qu’on se sent droit dans ses bottes. On respecte ces choix. Mais, il faut aussi savoir qu’en Europe, les saisons se chevauchent. La saison commence par exemple du 30 juin au 1er juillet et se termine le 30 juin de l’année suivante. En Afrique, pour la plupart des championnats, la saison est calendaire. La saison commence en mars et se termine en novembre. C’est dans ce sens qu’il faudrait revoir les choses.

Le modèle économique en football, c’est l’Europe. Il faudrait ramener les saisons calendaires en Afrique avec celles qui se chevauchent, faire comme en Europe et du coup, de façon logique, la CAN ne serait plus au mois de janvier, mais en été. Là, elle serait plus attractive pour tout le monde, parce que même les agents de joueurs que nous sommes, au mercato de janvier, les clubs ne veulent pas se positionner pour des joueurs qui participent à la CAN. Donc, c’est une perte, aussi bien pour les joueurs que pour les clubs. Quand on a trois ou quatre joueurs dans son effectif qui vont à la CAN et qu’on manque une qualification pour la Champions League en Europe, ou alors des clubs en difficulté, parce qu’il y a des joueurs qui se sont absentés pour aller à la CAN.

D’un autre côté, on a des joueurs qui passent à côté des contrats intéressants, parce qu’ils sont allés à la CAN. C’est le problème que la plupart des joueurs camerounais qui ne sont pas venus à la CAN ont eu. Ils ne voulaient pas perdre leur place en club et il faut les comprendre, parce qu’au final, c’est le club qui les paye tous les mois.