Infos Sports of Wednesday, 4 June 2025

Source: www.camerounweb.com

FOOTBALL CAMEROUNAIS : "Nous vivons un moment terrible", la confession alarmante de l'historien Claude Kana

Samuel Eto'o Samuel Eto'o

Dans un entretien exclusif à confrèresportnewsafrica.com, l'expert dresse un bilan accablant d'un football national "fracturé" et "inconciliable"
L'historien du football Dr. Claude Kana n'y va pas par quatre chemins. Dans une interview exclusive accordée à confrèresportnewsafrica.com, il livre un constat alarmant sur l'état du football camerounais, désormais gangrené par les divisions politiques et sociales du pays.


"Le football, symbole d'unité nationale, qui était jusque-là le seul bastion, a été aussi happé par cette mouvance", révèle Dr. Kana avec une amertume palpable. Cette déclaration marque un tournant historique : le football camerounais, traditionnellement facteur de cohésion nationale, serait devenu le reflet des fractures du pays.


L'expert établit un parallèle saisissant : "Le football camerounais est à l'image de la société camerounaise : fracturé, inconciliable". Une analyse qui dépasse le simple cadre sportif pour révéler une crise systémique plus profonde.

L'affaire André Onana devient, sous la plume de l'historien, le révélateur d'un malaise générationnel. "N'assiste-t-on pas à une crise plus large : celle d'un pays qui peine à concilier les nouvelles figures émergentes avec l'héritage des anciens 'dieux' du football ?", s'interroge-t-il.


Cette question touche au cœur d'un problème structurel : l'incapacité du Cameroun à faire coexister ses légendes avec ses nouvelles étoiles. Onana, formé au FC Barcelone et passé par l'Ajax, l'Inter Milan et Manchester United, représente cette nouvelle génération de footballeurs camerounais de classe mondiale, mais paradoxalement rejetée par une partie de son propre pays.

Dr. Kana, fort de son expertise historique, établit une comparaison édifiante : "De mémoire d'historien, le football camerounais n'a jamais connu de figures aussi clivantes qu'André Onana". Même Joseph Antoine Bell, pourtant réputé pour "sa grande gueule", n'avait jamais suscité une telle polarisation.
"Aujourd'hui, ça tire à balles réelles. Les attaques sont sous-tendues par la haine", déplore l'expert, soulignant la dangerosité de l'escalade actuelle.

L'analyse de Claude Kana s'étend également à Marc Brys, actuel sélectionneur des Lions Indomptables. Malgré la qualification pour la prochaine CAN, certains Camerounais réclament son départ "pour incompatibilité d'humeur", révèle l'historien.


Cette situation illustre parfaitement le paradoxe camerounais : "Une fois que c'est fait, le plus important reste de savoir s'il apporte des résultats positifs aux Lions Indomptables, parce que c'est pour cela qu'il a été recruté", rappelle Dr. Kana avec bon sens.

L'une des révélations les plus troublantes concerne la pression exercée sur l'opinion publique. "Sur les réseaux sociaux, ils s'en prennent à tous ceux qui essaient de rester neutres et somment chacun de choisir son camp", dénonce l'historien.

Cette obligation de "choisir un camp" dans l'affaire Eto'o-Onana révèle une dérive inquiétante de la société camerounaise, où la nuance et la neutralité deviennent impossibles.

Au-delà du football, Dr. Kana dresse un portrait sombre du Cameroun contemporain : "Nous vivons dans un pays rongé par la misère, le tribalisme, l'aigreur, la haine, la perte des valeurs". Cette confession, livrée à confrèresportnewsafrica.com, révèle l'ampleur de la crise que traverse le pays.
Onana, incompris dans son propre pays
L'ironie de la situation n'échappe pas à l'historien : "André Onana est applaudi en Europe, salué pour ses actions humanitaires, mais hué chez lui". Cette contradiction symbolise le mal camerounais : l'incapacité à reconnaître ses propres talents.

"C'est vraiment dommage qu'il y ait autant de Camerounais qui le prennent en grippe", regrette Dr. Kana, qui rappelle qu'Onana a figuré dans la liste du Ballon d'Or et réalise de nombreuses actions humanitaires.

Malgré ce tableau sombre, l'historien garde une lueur d'espoir : "Il est temps qu'on lâche un peu ce garçon que beaucoup de pays nous envient". Un appel à la raison qui résonne comme un ultime recours face à une société en perte de repères.