Alors qu'André Onana s'apprête à parapher ce qui est présenté comme le "contrat du siècle" avec Trabzonspor, l'expérience amère de Stéphane Mbia dans ce même club résonne comme un avertissement. Six mois d'impayés et un départ précipité : le précédent de l'ancien capitaine des Lions Indomptables rappelle que les promesses financières mirobolantes peuvent parfois cacher une réalité moins reluisante. Décryptage d'un dossier où l'appât du gain côtoie les risques contractuels.



Les chiffres donnent le vertige. Plusieurs millions d'euros par saison, primes exceptionnelles, statut de star : André Onana négocie actuellement ce qui pourrait devenir l'un des contrats les plus juteux de l'histoire du football turc avec Trabzonspor. Mais derrière les projecteurs et l'euphorie médiatique, une voix du passé murmure une mise en garde salutaire.
Cette voix, c'est celle de Stéphane Mbia Étoundi, dont l'aventure turque a viré au cauchemar il y a près d'une décennie.


Juin 2015. Stéphane Mbia, alors capitaine respecté des Lions Indomptables, pose fièrement avec le maillot rouge et bleu de Trabzonspor. Trois ans de contrat, promesses d'un projet ambitieux, accueil chaleureux des supporters : tout semblait réuni pour une belle histoire d'amour entre le milieu de terrain camerounais et l'un des clubs les plus populaires de Turquie.


La lune de miel aura duré exactement six mois. Le temps pour Mbia de découvrir les dessous moins reluisants du football turc : des salaires qui tardent à tomber, des excuses à répétition, une administration dépassée par ses propres ambitions financières. Six mois entiers sans percevoir un centime de son salaire, malgré ses prestations honorables sur le terrain.


"L'expérience de Mbia doit servir de leçon à tous les joueurs africains tentés par l'aventure turque", confie un agent de joueurs sous anonymat. "Les clubs turcs promettent souvent la lune, mais la réalité financière peut être tout autre."



Le cas de Mbia n'est pas isolé dans l'histoire récente de Trabzonspor. Malgré sa popularité et ses succès sportifs, le club de la mer Noire a régulièrement été confronté à des difficultés financières, se traduisant par des retards de paiement récurrents pour ses joueurs.


Cette instabilité contraste avec l'image de club ambitieux que Trabzonspor souhaite projeter, notamment dans ses opérations de recrutement médiatiques. Le paradoxe est frappant : comment un club peut-il promettre des contrats mirobolants tout en peinant à honorer ses engagements passés ?

Pour André Onana, habitué aux standards rigoureux de l'Inter Milan et de Manchester United, l'adaptation pourrait être rude. Le gardien camerounais, qui a connu les plus grandes scènes européennes, doit désormais composer avec un environnement où les garanties contractuelles ne sont pas toujours au rendez-vous.


"André a l'expérience des grands clubs européens, il sait ce que signifie la régularité dans les paiements et le respect des contrats", analyse un proche du dossier. "Il ne devra pas se laisser aveugler par les montants annoncés sans s'assurer des garanties réelles."
Les leçons du passé

L'exemple de Stéphane Mbia, contraint de rompre son contrat pour rejoindre le Hebei China Fortune où il a retrouvé sérénité financière, doit interpeller l'entourage d'Onana. Au-delà des aspects financiers, c'est toute une carrière qui peut être impactée par de tels litiges.

Les conseillers du gardien international devront donc s'assurer que :

Des garanties bancaires solides accompagnent les promesses salariales
Des clauses de sauvegarde protègent le joueur en cas d'impayés
Un suivi rigoureux des versements soit mis en place dès la signature


Pour Trabzonspor, l'enjeu dépasse le simple recrutement d'Onana. Il s'agit de restaurer une crédibilité écornée par les précédents. Attirer un joueur du calibre du gardien camerounais représente un signal fort envoyé au football européen, mais encore faut-il être capable d'honorer ses engagements sur la durée.

Le club turc a l'opportunité de tourner la page des dysfonctionnements passés en démontrant sa capacité à gérer professionnellement ses stars internationales. L'expérience Onana pourrait ainsi devenir un test grandeur nature de la nouvelle gouvernance de Trabzonspor.

Alors que les négociations entrent dans leur phase finale, le précédent Mbia résonne comme un avertissement salutaire. Non pas pour décourager Onana de tenter l'aventure turque, mais pour l'inciter à une vigilance maximale dans l'étude des garanties contractuelles.


Car au-delà des millions promis, c'est la sérénité d'une carrière qui se joue. Et sur ce terrain-là, l'expérience de Stéphane Mbia vaut tous les conseils du monde.