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Infos Sports of Vendredi, 29 Octobre 2021

Source: Le Messager

Chantiers de la Can 2021 : Ferdinand Ngoh Ngoh, le pompier pyromane

Porté sur instructions du Chef de l’Etat à la tête d’une mission d’information sur les sites d’accueil de la Coupe d’Afrique des nations que le Cameroun abrite à partir de janvier prochain, le ministre d’Etat/Secrétaire général de la présidence de la République dont on connait l’implication mafieuse à travers sa fameuse Task force, a transformé la visite technique en un mee- ting populaire à la gloire du Vice-dieu qu’il est.

Tapis rouge depuis le bord de la passerelle jusqu’au salon Vip des aéroports ; honneurs militaires, garde rapprochée armée jusqu’aux dents, revue des corps constituées, déploiement de tout l’armada administratif… Le moins que l’on puisse dire c’est qu’à chaque escale, Ferdinand Ngoh Ngoh a reçu un accueil digne d’un Chef d’Etat si ce n’est d’un roi pour dire le moins.

Ce ne sont pas les membres de la forte délégation qu’il a conduit pendant une semaine sur les différents sites devant abriter la prochaine Can qui le démentirait. Son large sourire et son brin d’humour qu’il tentait de lâcher çà et là, démontrent à suffire qu’il n’avait aucune gêne de voir des hauts commis de l’Etat fendre en salamalecs à chacun de ses passages. Désigné par le président de la République, régulièrement informé de ces remises en cause permanentes de la capacité du Cameroun à organiser la grand’messe du football continental, le ministre d’Etat/Sgpr dont le nom a été cité à plusieurs reprises comme à l’origine des goulots d’étranglements, des blocages à n’en plus finir et des conflits d’intérêt nés dans la plupart des chantiers de construction des infrastructures sportives, n’a pas boudé le plaisir de sauter sur l’occasion pour conforter ceux qui l’ont toujours présenté comme le véritable patron de la République.

Homme providentiel

frastructures construites et en cours de construction répondent au cahier de charge défini par la Confédération africaine de football (Caf) ; rassurer les autorités de la Caf, de la Fédération internationale de football association (Fifa), la communauté nationale et internationale, de la disponibilité effective de toutes les infrastructures retenues pour la Can 2021, de la capacité du Cameroun à organiser des compétitions internationales d’envergure, telle que la Coupe du monde de football junior ; et contribuer à lever tous les doutes sur la capacité du pays à organiser la prochaine Can », le Vice-dieu, vénéré tel un Emir, a brillé par une diligence et une célérité qui étonnent.

Dans un pays où l'inertie, l'immobilisme et le laxisme sont un sport favori, l’enthousiasme dont il a fait montre lorsque la bonne nouvelle est tombée, cache mal ses intentions à rendre une copie parfaite à sa hiérarchie. Vêtu d’un survêtement aux couleurs des Lions indomptables, Ngoh Ngoh a vite fait de transformer la « visite technique » dans les villes de Yaoundé, Douala, Limbe, Buea, Garoua et Bafoussam, en un gigantesque meeting à sa gloire. Tête de proue de la caravane qui a fait le tour des infrastructures sportives, sanitaires et hôtelières, le natif de Minta dans le département de la Haute-Sanaga s’est vite mué en homme providentiel de ce que Paul Biya a présenté comme une « véritable campagne de communication autour de ce grand rendez-vous sportif ».


Menant au bout du nez Narcisse Mouelle Kombi, ministre des Sports, Philippe Mbarga Mboa, ministre chargé de mission à la présidence de la République, Seidou Mbombo Njoya, président (par intérim, ndlr) de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), du consultant de Canal+, Philippe Doucet, de l’ancien international sénégalais, El Hadji Diouf, des anciens internationaux camerounais, Patrick Mboma (par ailleurs consultant de Canal+), Roger Milla, Bell Joseph Antoine, Grégoire Mbida, Victor Ndip Akem, Alioum Mboukar, Rigobert Song, Samuel Eto’o Fils, Gérémi Njitap et Gaëlle Enganamouit, et de la présidente de la Ligue de football féminin du Cameroun (Lffc), Céline Eko, Ngoh Ngoh en a profité pour jouer les pompiers-pyromanes. Task force, le gouffre à sous Lui qui, à travers sa fameuse Task force crée pour gérer les chantiers de cette Can, est à l’origine du bricolage, des replâtrages et de l’enfumage qu’on a présenté en mondovision. Entre trouver des moutons noirs ou des boucs émissaires, sacrifier le désormais ex ministre des Marchés publics à l’autel des guerres de réseaux, Ngoh Ngoh et ses suppôts tapis au sein du gouvernement, sont les artisans du retrait de la Can au Cameroun en 2019 sous la très policée appellation « glissement ». N’est-ce pas au même Ngoh Ngoh que sont imputées les raisons des décisions tardives, des déblocages financiers retardés, des contrats offerts de gré à gré aux entrepreneurs sans aucune compétence ou sans présence locale avérée ?

A l’époque des faits, personne n’a trouvé à redire sur les raisons pour lesquelles chacune de ces infrastructures a coûté plusieurs fois plus chère que cela est supposé. Personne n’a expliqué le pourquoi les ministères associés au Cocan ont été largués ou encore le pourquoi des grèves à répétition des ouvriers dans les chantiers d’Olembé, Japoma et Garoua Fidèle des politiques qui surfent sur des tâtonnements et des approximations, le Vice-dieu, au lieu de questionner les raisons de ce cuisant échec, a plutôt induit le Chef de l’Etat en erreur en lui faisant croire que la meilleure réponse à la Caf c’était de promettre à hue à dia, de livrer les infrastructures le « jour-dit ». Résultat des courses, les chantiers qui ont jusqu’ici coûté à l’Etat du Cameroun, pas moins de 1200 milliards de nos précieux francs, sont à peine en phase de livraison. De Garoua où les marchés ont été confiés à l’un de ses protégés sans résultats probants à Olembé, paralysé par des guerres de lobbies sans précédent, rien n’est moins sûr que même la date de novembre promise au président de la Caf lors de son dernier passage au pays des Lions indomptables, sera la bonne.