Infos Sports of Monday, 8 December 2025
Source: www.camerounweb.com
Onana, Aboubakar, Choupo-Moting écartés : l'ancien attaquant privilégie la docilité à l'expérience
À vingt et un jours du début de la Coupe d'Afrique des Nations au Maroc, le Cameroun se présente affaibli et divisé. La liste des joueurs convoqués par la FECAFOOT a provoqué la stupeur : André Onana, Vincent Aboubakar, Eric Maxim Choupo-Moting, Martin Hongla et Michaël Ngadeu ne défendront pas les couleurs des Lions Indomptables.
L'éviction d'André Onana, gardien titulaire de Manchester United et considéré comme l'un des meilleurs à son poste sur le continent africain, constitue le symbole le plus frappant de ces choix controversés. Marc Brys, le sélectionneur limogé, ne cache pas son incompréhension : "Comment peut-on aller disputer un tel tournoi sans un gardien de niveau mondial, ou sans Aboubakar ? Se priver d'un gardien de niveau mondial pour la CAN, c'est incroyable."
Vincent Aboubakar, buteur historique des Lions Indomptables et capitaine lors de précédentes campagnes, fait également les frais de cette purge. Sollicité, l'attaquant du Neftchi Bakou a refusé de commenter : "Je ne donne pas d'interview, merci de votre compréhension", s'est-il contenté de répondre.
Révélation exclusive : Selon Marc Brys, ces exclusions n'ont rien de sportif. "Eto'o a évincé des joueurs importants, des leaders, car c'est évidemment lui qui a fait cette liste. Parce que ce sont des joueurs qui ont du caractère, qui tiennent tête au président", affirme le technicien belge dans des propos recueillis par nos confrères.
Le Flamand va plus loin dans son analyse psychologique : "C'est incroyable, mais ça ne m'étonne pas venant de quelqu'un de narcissique, qui pense qu'il est le plus beau." Ces déclarations explosives mettent en lumière la vraie nature du conflit : un président de fédération qui préférerait s'entourer de joueurs malléables plutôt que de cadres expérimentés capables de contester ses décisions.
Un constat corroboré par l'entourage de Marc Brys : tous les joueurs écartés entretenaient d'excellentes relations avec le sélectionneur belge, suggérant une volonté d'Eto'o d'éliminer toute structure de pouvoir parallèle au sein de la sélection.
Pour remplacer Marc Brys, Samuel Eto'o a nommé David Pagou, un technicien dont le principal mérite semble être sa proximité avec le président de la FECAFOOT. Nos sources au sein du gouvernement soulignent que ce dernier "n'a aucune expérience internationale", un handicap majeur pour aborder une compétition du calibre de la CAN.
Cette nomination tranche avec le profil de Marc Brys, entraîneur expérimenté passé notamment par Saint-Trond en Belgique et qui avait débuté les éliminatoires de manière prometteuse avec les Lions Indomptables.
Cette crise n'est pas une première pour le football camerounais, coutumier des règlements de comptes à l'approche des grandes échéances. Plusieurs observateurs locaux l'avaient d'ailleurs anticipée dès avant l'Assemblée générale élective du 29 novembre : "Si Samuel Eto'o est effectivement élu, il y a de fortes chances que Marc Brys ne soit pas le sélectionneur des Lions Indomptables à la CAN", avaient-ils prédit.
L'histoire leur a donné raison en seulement quarante-huit heures. Un scénario similaire s'était déjà produit après la CAN 2022, lorsqu'Eto'o avait obtenu le départ d'Antonio Conceição, une décision qui avait coûté près de deux millions d'euros à l'État camerounais.
Les relations tendues entre certains joueurs et Samuel Eto'o ne datent pas d'hier. André Onana avait notamment eu des accrochages avec l'ancien attaquant lors de précédentes compétitions, des tensions qui se règlent aujourd'hui par l'exclusion pure et simple.
Cette gestion autoritaire pose une question fondamentale : peut-on bâtir une équipe compétitive en écartant systématiquement les personnalités fortes ? L'histoire récente du football africain suggère le contraire. Les sélections qui réussissent sont généralement celles qui parviennent à canaliser les égos et à fédérer les talents, pas celles qui les excluent.
Dans ce contexte délétère, la préparation des Lions Indomptables pour la CAN s'annonce chaotique. Un stage est évoqué à Marbella en Espagne, mais la fédération n'a toujours pas communiqué officiellement, symptôme d'une organisation en roue libre.
Pendant que les autres nations peaufinent leurs derniers réglages, le Cameroun se débat dans des luttes intestines qui hypothèquent sérieusement ses chances de succès au Maroc. Une situation d'autant plus frustrante que le pays dispose d'un réservoir de talents capable de rivaliser avec les meilleures nations africaines, à condition de mettre l'intérêt collectif avant les considérations personnelles.
Le défi pour David Pagou sera immense : composer une équipe compétitive tout en gérant les frustrations et les divisions héritées de cette purge, le tout dans un délai extrêmement court. Un pari risqué qui pourrait coûter cher aux ambitions camerounaises.