Infos Sports of Tuesday, 15 July 2025
Source: www.camerounweb.com
L'ancien bras droit de la fédération claque la porte avec fracas, révélant les dysfonctionnements d'une institution en crise
Le football camerounais vit une nouvelle secousse. Cette fois, ce n'est pas sur les terrains que ça se passe, mais dans les bureaux feutrés de la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT). Benoît Christian Angbwa Ossoemeyang, figure respectée du football national et ancien secrétaire général adjoint de l'institution, vient de porter un coup de tonnerre en rejetant publiquement une convocation de son ancienne direction. Son message est clair et cinglant : "Je suis parti, laissez-moi tranquille."
Pour comprendre la portée de cette révolte, il faut d'abord saisir qui est Benoît Angbwa. Cet ancien international camerounais n'est pas un simple employé mécontent. Pendant des années, il a été l'une des chevilles ouvrières de la FECAFOOT, occupant successivement les postes de coordonnateur des Lions Indomptables et de secrétaire général adjoint. Un homme de terrain qui connaît intimement les rouages de l'institution, ses forces... et ses faiblesses.
Sa démission le 7 juillet 2025 aurait pu passer inaperçue dans le tourbillon habituel des remaniements administratifs. Mais c'était sans compter sur la suite des événements. Trois jours plus tard, la FECAFOOT lui envoie une convocation pour une "passation de service officielle", à effectuer avant le 17 juillet. Un courrier qui a eu l'effet d'une allumette sur de la poudre.
La réaction d'Angbwa a quelque chose de théâtral et de symbolique à la fois. Plutôt que de se plier à cette demande, il choisit de répondre par huissier interposé. Le 11 juillet, Maître Tchimdou Mekiage notifie officiellement le refus de son client. Un acte juridique qui transforme un simple conflit administratif en affaire publique.
"Subordonner l'examen du dossier administratif d'un ex-salarié à une passation de service est illégal", martèle l'huissier dans son document. Derrière cette formulation juridique se cache une réalité plus humaine : un homme qui refuse d'être rappelé après avoir officiellement quitté son poste.
Ce qui rend cette affaire particulièrement explosive, ce sont les documents que brandit Angbwa. Deux pièces maîtresses qui semblent lui donner raison :
Un certificat de travail daté du 18 juin 2025, délivré par la FECAFOOT elle-même, attestant qu'il quittait "libre de tout engagement". Une formule administrative qui signifie, en langage courant, qu'il ne devait plus rien à son employeur.
Un solde de tout compte établi le 12 juin 2025, confirmant que tous les comptes étaient apurés.
Ces documents posent une question embarrassante pour la fédération : comment peut-on réclamer une passation de service à quelqu'un à qui on a déjà remis un certificat de fin d'engagement ?
Face aux accusations de la FECAFOOT, Angbwa répond point par point, avec la précision d'un homme qui a gardé ses archives. Sur les dossiers manquants ? "Tout a été remis en octobre 2024 lors de ma passation comme Coordonnateur des Sélections, en présence des RH et du département juridique."
Sur la mystérieuse carte prépayée UBA réclamée par la fédération ? "Cette carte était personnelle et payée de ma poche pour les urgences des sélections. Elle est aujourd'hui expirée."
Sur le matériel soi-disant non restitué ? "Aucun matériel – ni bureau, ni sportif, ni médical – ne m'a été confié."
Chaque réponse est documentée, chaque argument étayé. C'est la défense d'un homme qui a anticipé les reproches et qui refuse de se laisser intimider.
Cette guerre des papiers révèle des dysfonctionnements plus profonds au sein de la FECAFOOT. Comment expliquer qu'une institution puisse, d'un côté, certifier qu'un employé part "libre de tout engagement" et, de l'autre, lui réclamer une passation de service quelques semaines plus tard ?
L'affaire Angbwa met en lumière une gestion administrative chaotique, où les procédures semblent improvisées et les décisions contradictoires. Pour un homme qui a consacré une partie de sa vie au football camerounais, cette situation doit avoir un goût particulièrement amer.
Cette affaire soulève des interrogations dérangeantes sur le fonctionnement interne de la FECAFOOT. Pourquoi cette insistance à convoquer un ancien employé officiellement "libre de tout engagement" ? S'agit-il d'une simple erreur administrative ou d'une tentative de pression ?
Les observateurs du football camerounais ne peuvent s'empêcher de faire le lien avec les tensions récurrentes qui secouent l'institution. Dans un contexte où la fédération fait régulièrement face à des critiques sur sa gouvernance, cette nouvelle polémique arrive comme un révélateur des difficultés internes.
Pour la FECAFOOT, cette affaire constitue un nouveau coup dur à son image. Déjà fragilisée par diverses polémiques, l'institution se retrouve sous les feux de la rampe pour des raisons qui n'ont rien à voir avec le football. Une situation qui ne peut que préoccuper les amoureux du ballon rond au Cameroun.