Actualités of Wednesday, 26 November 2025
Source: L’Indépendant n°982 du 24 novembre
L’appel de Issa Tchiroma d’observer une journée de deuil national le 21 novembre dernier, n’a pas fait florès. Le candidat proclamé 2e par le Conseil constitutionnel a-t-il pris du plomb dans l’aile ?
C’est un Issa Tchiroma amaigri, mais déterminé qui réitère son serment de ne pas capituler et de ne pas négocier avec ceux qui « ont volé et détourné le vote du peuple » en falsifiant les résultats de la présidentielle du 12 octobre. Après l’ultimatum de 48 heures demandant la libération de tous les prisonniers politiques de la présidentielle, Issa Tchiroma déclare une journée de deuil national vendredi 21 novembre pour tous les martyrs tombés sous les balles d’un « pouvoir aux abois ».
Commerces, bureaux, services publics devraient rester fermés avec l’observation à midi pile, d’une minute de silence à l’intérieur et dans la diaspora, à la mémoire de tous ces martyrs. Rappelant les martyrs de l’UPC de 1955, du 26 mai 1990, date de sortie des fonts baptismaux du Sdf, et de février 2008 lors des émeutes de la faim, Issa Tchiroma s’engage à consacrer le restant de sa vie à défendre la vérité des urnes. Au passage, il annonce la création d’un fonds de soutien à tous ces martyrs. Et l’avènement d’un Cameroun où l’école, l’hôpital, la route… seront à la portée de tous.
À Yaoundé, Douala, Bafoussam, ce mot d’ordre de ville morte n’a pas été suivi. Seule Garoua, sa ville natale, a vu quelques commerces fermés. Mais les services administratifs ont parfaitement fonctionné. Exfiltré de sa résidence de Garoua où il était assiégé par ses militants et par les forces de défense et de sécurité, le leader du FSNC aurait pris la direction du Nigéria. Certaines sources le disent aujourd’hui terré en Gambie et/ou en Turquie d’où il produit ces vidéos controversées. Bien au fait des méthode d’un système qu’il a servi avec panache pendant plus de 20 ans, loin du feu de l’action, c’est un Issa Tchiroma qui a perdu de sa superbe.
Sa verve reste véhémente et percutante, ayant pris le parti de ne pas rester indifférent aux souffrances du peuple. Seul bémol, sa stratégie est questionnable à tous égards. Celui qui se présente comme ‘‘le président élu’’ du Cameroun, utilise les armoiries et les emblèmes de l’État et a procédé récemment à la nomination de Me Alice Nkom comme son porte-parole.
Un acte perçu comme une bravade au moment où le Pr Aba’a Oyono, Anicet Ekane et Djeukam Tchameni sont dans les mailles de la justice militaire par une procédure jugée cavalière. C’est tout le braintrust de la campagne d’Issa Tchiroma qui est ainsi neutralisé. Portée sur les questions des droits de l’homme et des problématiques Lgbt (lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres), Alice Nkom âgée, aujourd’hui de 81 ans, peut-elle cristalliser à long terme les idéaux de changement prônés par le FSNC ? Le courage légendaire dont elle fait montre, ne suffira pas seul à structurer la résistance. Le pouvoir est sur les dents et rien ne pourra arrêter la machine répressive. Au mieux, le FSNC pourrait être absent de l’échéance capitale des législatives et des municipales, au pire, son leader, ses militants et autres sympathisants, sont définitivement condamnés à subir une persécution d’un autre âge, digne des méthodes de la Gestapo.