Les documents exclusifs obtenus par Jeune Afrique dévoilent les détails financiers de l'assistance technique onusienne à Elecam


Combien coûte l'assistance technique de l'ONU au processus électoral camerounais ? Selon les révélations exclusives de Jeune Afrique, qui a pu consulter l'intégralité du document de plus de soixante pages signé entre Elecam et les Nations unies, le budget global de cette initiative s'élève à 5,9 millions de dollars.

Cette enveloppe, entièrement prise en charge par l'ONU et ses partenaires internationaux, marque un tournant dans l'accompagnement du processus électoral camerounais. Jamais auparavant une telle somme n'avait été mobilisée par la communauté internationale pour soutenir l'organisation d'élections au Cameroun.

D'après les informations exclusives révélées par Jeune Afrique, la mise en œuvre financière de cette convention a déjà commencé. Environ 2 millions de dollars ont été mobilisés par les agences onusiennes présentes sur le territoire camerounais, soit plus du tiers du budget total.

L'Espagne s'impose comme le premier partenaire bilatéral de cette initiative. Le gouvernement espagnol a confirmé sa contribution à hauteur de 170 000 dollars supplémentaires, devenant ainsi le premier bailleur à répondre favorablement à la demande de soutien formulée par l'ONU. Cette participation espagnole pourrait ouvrir la voie à d'autres contributions européennes dans les mois à venir.
La structure financière révélée par Jeune Afrique montre une approche coordonnée entre les différentes agences du système onusien. Contrairement aux interventions précédentes, éclatées entre différents programmes, cette convention centralise les financements sous une approche intégrée.

Les documents consultés par Jeune Afrique révèlent que la première tranche de financement a été immédiatement mise à profit. Du 23 au 27 mai, la région du Sud a accueilli le premier séminaire de formation financé par cette enveloppe. Une cinquantaine de responsables d'Elecam ont bénéficié de cette formation axée sur l'intégrité électorale, pour un coût qui représente une fraction significative des premiers déblocages.

Cette rapidité de mise en œuvre contraste avec les précédentes initiatives d'assistance électorale, souvent ralenties par des procédures administratives complexes. Selon nos révélations, l'ONU a privilégié une approche pragmatique pour garantir un impact immédiat sur le terrain.

L'analyse des documents obtenus en exclusivité par Jeune Afrique révèle une philosophie de financement particulière. Contrairement à d'autres pays africains où l'assistance internationale porte sur l'organisation matérielle des élections, l'approche camerounaise se concentre sur "l'environnement des scrutins".

Cette orientation s'explique par une spécificité camerounaise majeure : le pays finance entièrement ses élections sur fonds propres. "C'est ce qui explique que cette convention ait été orientée vers l'environnement des scrutins plutôt que leur organisation", précise une source au sein d'Elecam contactée par Jeune Afrique.
Cette autonomie financière du Cameroun dans l'organisation matérielle de ses élections influence donc directement l'affectation des 5,9 millions de dollars de l'ONU, qui se concentrent sur le renforcement des capacités et la promotion de la participation citoyenne.
Des interrogations sur la suite du financement
Si les premiers décaissements sont effectifs, des questions demeurent sur la mobilisation du solde des 5,9 millions de dollars. Les révélations de Jeune Afrique montrent que l'ONU compte sur la mobilisation d'autres partenaires internationaux pour boucler le financement de cette initiative ambitieuse.
L'exemple espagnol pourrait faire école auprès d'autres chancelleries européennes, traditionnellement soucieuses de la stabilité démocratique en Afrique centrale. Les prochains mois seront décisifs pour mesurer la capacité de l'ONU à mobiliser l'intégralité de l'enveloppe prévue.
Cette révélation financière exclusive de Jeune Afrique intervient dans un contexte où l'opposition camerounaise questionne déjà l'opportunité même de cette assistance internationale, indépendamment de son montant.