Actualités of Tuesday, 2 September 2025

Source: www.camerounweb.com

Élection présidentielle : la demande des prisonniers au gouvernement

Demande au gouvernement Demande au gouvernement

Le président national du Regroupement des démocrates indépendants (RDI), Raymond Chiya Zok, s’adresse au chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute, qui devrait être d’humeur attentive dans cette période d’élection présidentielle où les pouvoirs publics sont plus attentionnés pour récolter des voix. Le sujet porte sur le délaissement et l’abandon de l’administration pénitentiaire. Dans sa lettre approuvée par le collectif des détenus et dont le contenu a été dévoilé, il cible plusieurs points. La rédaction de CamerounWeb la relaie.

Excellence Monsieur le Premier ministre, c’est avec un profond sentiment de tristesse et de préoccupation que je viens porter à votre haute attention la situation dramatique dans laquelle se trouve aujourd’hui l’administration pénitentiaire de notre pays.

Depuis plusieurs années, ce corps vital de notre appareil judiciaire et sécuritaire est laissé à l’abandon. Les problèmes qui l’assaillent sont nombreux, graves et persistants

Un corps vieillissant et déséquilibré : le dernier concours de recrutement des élèves gardiens de prison remonte à 2017, soit près de huit années. La pyramide des effectifs est désormais inversée. Plus de supérieurs que de subalternes, alors même que les missions de garde et d’escorte reposent essentiellement sur les agents d’exécution. Le ratio d’un élément pour cinq détenus est loin d’être respecté dans aucune prison du Cameroun.

Des conditions de travail déplorables : les personnels ne bénéficient pas d’une dotation complète en tenue et équipements. Seuls les défilants du 20 mai reçoivent une dotation symbolique, laissant la majorité se débrouiller par leurs propres moyens, avec des tenues disparates et non conformes.

Le matériel de sécurité est insuffisant, vétuste, parfois totalement dépassé. Le matériel roulant est quasi inexistant, ce qui complique davantage les escortes et transferts sécurisés.

Une gestion des carrières inadaptée : le statut des personnels pénitentiaires, calqué sur l’ancien modèle de la police, ne correspond plus aux réalités actuelles. Pire encore, les actes de carrière ne sont pas signés à temps, entraînant frustrations, démotivation et sentiment d’abandon.

Des infrastructures indignes : nos prisons sont vétustes, délabrées et saturées, exposant les détenus et les gardiens à des conditions inhumaines. La surpopulation carcérale est devenue la norme, avec toutes les conséquences en termes de sécurité, de santé publique et de droits humains.

Excellence Monsieur le Premier ministre, cette situation est intenable. Elle fragilise non seulement les personnels pénitentiaires, mais aussi la stabilité et la sécurité de l’ensemble de notre système judiciaire. L’administration pénitentiaire, pourtant formée militairement et dotée d’un rôle stratégique, mérite respect, considération et moyens adéquats.

À la veille d’échéances électorales majeures pour notre pays, il est urgent que le Gouvernement prenne des mesures courageuses et rapides pour redonner espoir à ce corps et restaurer son efficacité : recrutement massif et urgent de nouveaux gardiens de prison ; dotation régulière en équipements et tenues conformes ; réhabilitation et construction de prisons modernes, adaptées à la démographie carcérale actuelle ; réforme et modernisation du statut des personnels, avec une gestion des carrières transparente et diligente (…).