Au lendemain du succès inaugural du Cameroun face au Gabon (1-0), David Pagou a livré des confessions troublantes sur son expérience en tant qu'adjoint de Marc Brys, évoquant des "frustrations", des "humiliations" et un point de rupture qu'il a failli atteindre.
La victoire est douce, mais les mots sont amers. Quelques minutes après avoir guidé les Lions Indomptables vers leur premier succès dans la CAN 2025 au Maroc, David Pagou a profité de la conférence de presse d'après-match pour lever le voile sur une période douloureuse de sa carrière : son passage en tant qu'adjoint de Marc Brys.
Visiblement libéré après ce succès probant face au Gabon, le nouveau sélectionneur camerounais n'a pas mâché ses mots : « Dans l'ancien staff, j'ai vécu des frustrations et des humiliations, mais je suis resté fort. À un moment, j'ai failli craquer. Grâce à Dieu et à ma famille, j'ai pu tenir. Merci au Président de la fédération qui m'a également beaucoup soutenu et réconforté », a déclaré David Pagou, la voix empreinte d'émotion.
Ces révélations viennent éclairer d'un jour nouveau les tensions qui ont marqué les derniers mois de l'ère Marc Brys à la tête de la sélection camerounaise. Si les relations conflictuelles entre le technicien belge et Samuel Eto'o, président de la FECAFOOT, ont largement été médiatisées, les souffrances de l'adjoint camerounais étaient restées dans l'ombre.
Ces déclarations font écho aux propos tenus par David Pagou à la veille du match d'ouverture, lorsqu'il avait clairement revendiqué une rupture avec son prédécesseur. Interrogé par le journaliste Alain Denis Ikoul de CFOOT sur la question de la continuité ou de la rupture avec l'ère Marc Brys, le technicien camerounais n'avait laissé planer aucun doute : « Quand on voit le nombre de joueurs que nous avons appelés, les noms qui figurent, on ne peut pas parler de continuité. Je pense qu'il s'agit d'une rupture. Tant qu'il y a de nouveaux joueurs, il y a forcément un nouvel état d'esprit. »
Une posture qui avait surpris, compte tenu de son rôle d'adjoint auprès de Brys. Mais désormais, tout s'éclaire : cette rupture n'est pas seulement tactique ou sportive, elle est aussi profondément personnelle et émotionnelle.
Dans ses confidences, David Pagou a particulièrement insisté sur le rôle du président de la FECAFOOT, Samuel Eto'o, qu'il a remercié pour son soutien moral dans cette période difficile. Un élément qui pourrait expliquer la décision du dirigeant de mettre fin à la collaboration avec Marc Brys et de promouvoir son adjoint camerounais au poste de sélectionneur principal.
Cette proximité entre Pagou et Eto'o, consolidée dans l'adversité, pourrait être un atout majeur pour la stabilité de la sélection, après des mois de turbulences institutionnelles et techniques.
Sur le terrain, David Pagou a su apporter une réponse sportive convaincante. Malgré une préparation chaotique, le Cameroun a dominé le Gabon grâce à un but précoce de Karl Etta Eyong dès la 6e minute. Bryan Mbeumo, l'attaquant de Manchester United, s'est montré particulièrement inspiré, multipliant les situations dangereuses.
Face à une équipe gabonaise qui avait surpris en laissant initialement Aubameyang et Lemina sur le banc, les Lions Indomptables ont fait preuve de maîtrise et de détermination, ne concédant aucun but malgré l'entrée en jeu des deux stars panthères en cours de première mi-temps.
Avec ce succès inaugural et ces révélations courageuses, David Pagou marque définitivement son territoire. Il ne souhaite pas être perçu comme un simple intérimaire ou un exécutant du projet Brys, mais bien comme l'architecte d'une nouvelle ère pour les Lions Indomptables.
Le technicien camerounais a fait le choix de l'audace et de l'affirmation de soi, revendiquant une rupture franche avec le passé récent. Un pari risqué, qui l'expose davantage aux critiques en cas de contre-performance, mais qui lui permet aussi de clarifier sa vision et d'installer son autorité.
À la tête d'un groupe rajeuni et galvanisé par cette première victoire, David Pagou sait qu'il sera jugé sur les résultats. Le prochain rendez-vous face au Mozambique dira si cette libération émotionnelle se traduira par une dynamique sportive durable.
Le Cameroun, quintuple champion d'Afrique qui n'a plus remporté la CAN depuis 2017, a peut-être trouvé en David Pagou l'homme de la situation. Un technicien qui a traversé l'épreuve, en est sorti plus fort, et semble déterminé à écrire sa propre histoire avec les Lions Indomptables.









