Actualités of Wednesday, 17 December 2025

Source: www.camerounweb.com

Fabrice Vavemi : portrait d'un directeur de campagne devenu fugitif

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Arrêté pour falsification de procès-verbaux électoraux, il s'évade et accuse le régime de persécution politique


Yaoundé – Derrière l'évasion spectaculaire de Fabrice Vavemi se cache une histoire profondément ancrée dans les tensions post-électorales qui secouent le Cameroun depuis le scrutin présidentiel d'octobre 2025.


Fabrice Vavemi, 31 ans, consultant domicilié à Yaoundé-Biyem-Assi, occupait le poste stratégique de directeur de campagne d'Ateki Caxton, candidat du parti SETA lors de la présidentielle d'octobre 2025. Son arrestation le 5 novembre dernier pour « usage de faux en écritures publiques et authentiques » et falsification de procès-verbaux électoraux s'inscrivait dans un contexte explosif.
Ateki Caxton avait en effet ouvertement contesté les résultats du scrutin, affirmant que c'était René Emmanuel Sadi, dit Tchiroma, qui avait réellement remporté l'élection présidentielle. Ces déclarations avaient provoqué un tollé et déclenché une vague d'arrestations dans les rangs de l'opposition.

Pour les partisans du parti SETA, l'incarcération de Fabrice Vavemi à la prison centrale de New-Bell relevait davantage de la persécution politique que de la justice. Les accusations de falsification de procès-verbaux étaient perçues comme un moyen de museler ceux qui osaient contester publiquement les résultats officiels du scrutin.

Cette lecture des événements semble partagée par l'intéressé lui-même, qui affirme désormais que sa vie était en danger en détention : « Ils voulaient me tuer. J'ai dû courir pour sauver ma vie », déclare-t-il dans ses publications sur les réseaux sociaux.


Depuis son évasion lors d'un transfert au tribunal le 12 décembre, Fabrice Vavemi multiplie les interventions sur Facebook, où il compte de nombreux sympathisants. Ses publications, qui révèlent les coulisses de sa détention et de son évasion, sont largement relayées et commentées.

L'homme donne l'impression d'avoir trouvé refuge au Cap-Vert, suggérant qu'il a bénéficié d'un réseau de soutien organisé pour quitter le territoire camerounais. Parmi ses complices présumés, il évoque « quelques hommes en uniforme » et des gardiens de prison qui auraient facilité sa fuite.

L'affaire Vavemi cristallise les critiques de l'opposition contre ce qu'elle considère comme une instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Le parti SETA n'a pas encore réagi officiellement à cette évasion, mais la situation met le pouvoir en place dans une position inconfortable.

D'un côté, les autorités doivent démontrer leur capacité à faire respecter l'ordre judiciaire en retrouvant le fugitif. De l'autre, les révélations de Vavemi sur les conditions de sa détention et les pressions qu'il affirme avoir subies alimentent le discours de l'opposition sur la répression politique.


Cette affaire pourrait avoir des conséquences bien au-delà du seul cas de Fabrice Vavemi. Elle ravive les tensions post-électorales et remet sur la table la question de la gestion des opposants politiques au Cameroun. Les prochaines semaines seront déterminantes pour mesurer l'impact de cette évasion sur le climat politique national.