Actualités of Tuesday, 16 December 2025

Source: www.camerounweb.com

Issa Tchiroma: c'est fini, Paul Biya reprend le contrôle

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Deux mois après l'élection présidentielle contestée, les partisans d'Issa Tchiroma Bakary mobilisent depuis la capitale française pour dénoncer les fraudes présumées et les violences post-électorales. La crise s'enlise et laisse croire que c'est fini pour l'ancien ministre de Paul Biya.



Depuis Paris, les soutiens d'Issa Tchiroma Bakary maintiennent la pression sur Yaoundé. Deux mois après la tenue du scrutin présidentiel du 12 octobre 2025 au Cameroun, la contestation ne faiblit pas dans les rangs de l'opposition. D'après les informations de RFI, le 15 décembre, une partie des soutiens d'Issa Tchiroma Bakary s'est réunie lors d'une conférence de presse dans la capitale française. Cette rencontre visait à remobiliser l'opinion nationale et à interpeller les instances internationales sur la situation politique du pays.
"La fraude est documentée"

À Paris, le mouvement d'Issa Tchiroma Bakary appelle la communauté internationale à briser le silence. Malgré la proclamation officielle de la victoire de Paul Biya pour un huitième mandat avec 53,66% des voix, l'ancien ministre, aujourd'hui en exil en Gambie, continue de revendiquer la première place.


Pour Armelle Mbappe, porte-parole du mouvement, le calme apparent à Yaoundé est une illusion. Elle a affirmé devant les journalistes, dont Amélie Tulet de RFI : "Une crise sans précédent, pourquoi ? Parce qu'on a des preuves, la fraude est documentée. Donc, ça donne une tout autre tonalité à ce que nous vivons. Tout le monde en a marre".


Cette lassitude sociale trouve un écho dans les propos de la femme d'affaires Rebecca Enonchong. Elle récuse l'idée d'un peuple passif face au pouvoir : "Souvent j'entends : 'Ah, les Camerounais sont dociles, ils ne réagissent pas, ils ne marchent pas.' Mais ils crient par des actes concrets. Quand les femmes se couchent sur une route parce qu'il n'y a pas de courant, c'est la colère de tous les Camerounais qu'elles sont en train d'exprimer."


Le volet judiciaire occupe une place centrale dans cette offensive. Un collectif d'avocats a annoncé le recensement d'une soixantaine de décès de civils lors des répressions post-électorales. Le cas d'Anicet Ekane, opposant décédé en détention le 1er décembre à l'âge de 74 ans, cristallise les tensions.
Son fils, Muna Ekane, présent à Paris, rejette catégoriquement la thèse officielle : "Ils l'ont tué, ils l'ont assassiné ! Anicet Ekane était un homme de 74 ans, il souffrait d'une pathologie chronique stabilisée, il n'était pas censé mourir, contrairement à ce qu'on veut nous faire croire. Mon père n'avait aucun doute sur le fait que le vainqueur, c'est le président Issa Tchiroma Bakary."


Cette mobilisation à l'étranger souligne la persistance des fractures nées du scrutin. Comme le dit un proverbe bien connu, la fumée ne s'élève jamais sans feu. Les partisans du changement tentent désormais de transformer l'indignation en actions concrètes devant les tribunaux internationaux.
Le choix de Paris comme plateforme de communication n'est pas anodin. La capitale française, historiquement lieu de refuge et de mobilisation pour les oppositions africaines, offre une caisse de résonance médiatique et diplomatique que ne permettrait pas le territoire camerounais. Cette stratégie vise à contourner le contrôle étroit exercé par les autorités sur l'espace public national.

Les autorités camerounaises n'ont pour l'heure pas réagi officiellement à ces déclarations faites depuis le sol français. Ce silence pourrait être interprété soit comme une volonté de ne pas amplifier la controverse, soit comme une manifestation de confiance dans la solidité du pouvoir en place.
La suite de ce bras de fer politique dépendra en grande partie de la capacité de l'opposition à maintenir cette pression internationale alors que le pays s'apprête à entrer dans une nouvelle année civile sous haute tension. Entre accusations de fraude électorale, dénonciations de violences post-scrutin et mobilisation diasporique, le Cameroun traverse l'une de ses périodes politiques les plus incertaines depuis des décennies.