Entendez par 'mougou' avoir des rapports sexuels, un terme souvent utilisé dans de nombreux pays d'Afrique pour coder les choses. La jeune fille, qui vide son sac sur les réseaux sociaux, est triste de devoir faire face à une situation pareille : être renvoyée parce que non d'accord avec sa mère sur une question liée à sa vie sexuelle.

La concernée s'appelle Aïssatou, elle 22 ans. Depuis que son père est mort lorsqu'elle avait 13 ans, c'est sa mère seule qui l'a élevée. Elle l'aimait, la respectait et pensait qu'elle était tout pour elle.

Mais tout a changé il y a un an, quand elle (la mère, ndlr) a rencontré un homme. Il s'appelait Mamadou, mais tout le monde l'appelait « vieux ». Il avait 56 ans, il était vendeur de pièces détachées au marché. Elle l'a ramené à la maison. Moi, je n'ai rien dit. J'ai accepté, parce que c'est sa vie.

Quelques semaines après, cependant, j'ai commencé à sentir ses regards. Le vieux me fixait. Il cherchait toujours à être seul avec moi. Il passait près de moi torse nu, il me faisait des petites blagues. Un jour, pendant que ma mère était au marché, il est venu me voir dans ma chambre.

Il m'a dit : « Tu es devenue une vraie femme, Aïssa. Tu sais, ce qu'on ne dit pas à ta mère, elle ne le saura pas ». Je l'ai repoussé. J'ai crié. Il est sorti. Quand j'ai voulu en parler à ma mère, elle a ri. Elle a dit que je cherchais à détruire son bonheur. Elle a dit que j'étais jalouse de sa vie de femme.

Trois jours plus tard, elle m'a réveillée à 5h. « Prends tes affaires. Sors de chez moi. Tu veux me prendre mon mari ? Tu veux me faire honte ? Pars », m'a-t-elle fait savoir. J'ai dormi dehors ce jour-là. Une voisine m'a hébergée par pitié.

Depuis, je dors sur un matelas dans un coin de cour. Ma propre mère m'a laissée tomber parce que je n'ai pas voulu mougou ou vendre mon corps à son mari. Je me sens seule. Brisée. Humiliée.

Chaque soir, je me demande ce que j'ai fait pour mériter tout cela. Est-ce qu'une mère normale peut choisir un homme au lieu de sa propre fille ?