De Macky Sall à Cellou Dalein Diallo, Jeune Afrique dévoile la toile d'influences qui protège l'opposant camerounais. L'association internationale Tabital Pulaaku s'impose comme un acteur politique transnational majeur.
C'est l'un des aspects les plus fascinants révélés par Jeune Afrique dans l'affaire Tchiroma Bakary : la mobilisation d'un réseau de solidarité ethnique et politique qui transcende les frontières nationales. Autour de l'opposant camerounais s'est progressivement constitué un réseau de soutiens ouest-africains dont l'influence s'étend de Dakar à Conakry, grâce notamment à l'appui de l'ancien président sénégalais Macky Sall et de l'association internationale pro-Peul, Tabital Pulaaku.
Selon les informations exclusives de Jeune Afrique, cette mobilisation transforme la simple affaire d'un opposant en exil en un enjeu politique régional. Parmi les figures qui ont rejoint ce cercle de soutien figure notamment le Guinéen Cellou Dalein Diallo, ancien Premier ministre et figure majeure de l'opposition guinéenne. Cette alliance des oppositions francophones d'Afrique de l'Ouest dessine les contours d'une solidarité politique transnationale inédite.
L'intervention de Tabital Pulaaku dans cette affaire, révélée par Jeune Afrique, mérite une attention particulière. Cette organisation internationale de promotion de la culture peule dispose de ramifications dans toute l'Afrique de l'Ouest et joue traditionnellement un rôle de médiation culturelle et sociale. Mais son engagement aux côtés de Tchiroma Bakary marque une inflexion politique significative.
En mobilisant les réseaux peuls à travers plusieurs pays, Tabital Pulaaku offre à l'opposant camerounais une protection qui va bien au-delà de la simple solidarité ethnique. L'organisation lui ouvre des portes, facilite ses déplacements et lui garantit des relais d'influence auprès de plusieurs gouvernements de la sous-région. Cette dimension transnationale complique singulièrement les efforts de Yaoundé pour isoler diplomatiquement Tchiroma Bakary.
Jeune Afrique révèle également le rôle central joué par l'ancien président sénégalais Macky Sall dans l'organisation de ce réseau de soutien. Bien qu'il ait quitté le pouvoir, Sall conserve une influence considérable dans la diplomatie ouest-africaine et ses interventions en faveur de Tchiroma Bakary ont été décisives pour lui ouvrir les portes de la Gambie.
Le magazine précise que depuis son arrivée à Banjul, Issa Tchiroma Bakary est devenu un hôte régulier de la présidence gambienne, où il partage ses dîners avec le chef de l'État, Adama Barrow. Cette proximité avec le pouvoir gambien, facilitée par les réseaux de Macky Sall et de Tabital Pulaaku, offre à l'opposant camerounais une protection diplomatique de premier ordre. Jeune Afrique indique que différents généraux nigérians sont même venus lui rendre visite, signe de la reconnaissance dont il bénéficie désormais dans les cercles du pouvoir ouest-africain.
Au-delà du cas personnel de Tchiroma Bakary, ces révélations de Jeune Afrique mettent en lumière l'émergence d'une nouvelle forme de solidarité politique en Afrique de l'Ouest. Les réseaux ethniques, longtemps cantonnés à des rôles culturels et sociaux, deviennent des acteurs politiques à part entière, capables de défier des États et d'influencer les équilibres régionaux.
Cette évolution pose des questions fondamentales sur la nature de la souveraineté étatique en Afrique de l'Ouest. Quand une organisation transnationale comme Tabital Pulaaku peut offrir à un opposant politique une protection que son propre État ne peut briser, c'est toute l'architecture des relations internationales dans la région qui s'en trouve bousculée. Pour Yaoundé, cette réalité nouvelle constitue un défi majeur qui va bien au-delà de la seule question de Tchiroma Bakary.









