Dans une enquête exclusive, Jeune Afrique dévoile la stratégie de déstabilisation mise en œuvre par Issa Tchiroma Bakary depuis son exil en Gambie. L'ancien ministre devenu principal opposant à Paul Biya cherche à rendre le Cameroun "ingouvernable" en ciblant spécifiquement le septentrion du pays et ses axes routiers vitaux pour le Tchad et la Centrafrique. La grève des camionneurs début décembre s'inscrit dans cette dynamique, observée "avec attention" tant à Yaoundé qu'en Gambie, révèle le média panafricain. Une guerre d'usure qui pourrait transformer les transporteurs routiers en arbitres involontaires du bras de fer entre les deux hommes.
Lomé, le 9 décembre 2025 – Depuis son refuge gambien, Issa Tchiroma Bakary ne désarme pas. Bien au contraire. Jeune Afrique révèle que l'ancien ministre devenu principal contestataire de Paul Biya a élaboré une stratégie précise pour fragiliser le pouvoir en place : transformer le nord du Cameroun en zone d'instabilité permanente.
Selon les informations exclusives de Jeune Afrique, l'objectif de celui qui se présente comme "président élu" est d'"utiliser le septentrion camerounais, frontalier de la Centrafrique et du Tchad, et de perturber ses axes routiers, essentiels pour l'économie de ces deux derniers pays".
Cette stratégie révélée par le média panafricain est d'une redoutable efficacité. En bloquant le corridor Douala-N'Djamena, Tchiroma Bakary ne frappe pas seulement le régime de Paul Biya : il menace directement la stabilité économique de deux pays voisins, créant ainsi une pression internationale sur Yaoundé.
Jeune Afrique précise que la grève des camionneurs "n'est pas sans implication politique et est observée avec attention tant à Yaoundé qu'en Gambie". Cette révélation confirme que le mouvement social qui paralyse le nord du Cameroun depuis le 4 décembre dépasse largement le cadre d'une simple revendication professionnelle.
Le pouvoir camerounais ne s'y est pas trompé. La rapidité de sa réaction face à ce qui constitue "la première crise sociale d'ampleur depuis la prestation de serment de Paul Biya le 6 novembre", selon Jeune Afrique, témoigne de la conscience aiguë des enjeux politiques.
Le média panafricain révèle une information cruciale : dès le mois de novembre, "le ministère des Transports s'était engagé à agir pour alléger la pression sur les transporteurs, craignant que ceux-ci ne soient trop nombreux à répondre à l'appel de l'opposant Issa Tchiroma Bakary aux villes mortes et à la désobéissance civile".
Cette anticipation gouvernementale prouve que les autorités camerounaises redoutent par-dessus tout une alliance entre le mouvement de contestation post-électoral lancé par Tchiroma Bakary et les revendications socioprofessionnelles des transporteurs. Une telle convergence pourrait transformer une crise sectorielle en soulèvement régional.
Jeune Afrique note que malgré l'annonce de la fermeture de deux postes de contrôle, "les conducteurs ont maintenu leur mot d'ordre de grève, réclamant cette fois la libération des chauffeurs et de leurs accompagnateurs placés en garde à vue durant la crise postélectorale".
Ce glissement des revendications du terrain économique vers le terrain politique confirme les craintes du pouvoir. Les camionneurs ne réclament plus seulement la fin du racket routier, mais la libération de personnes arrêtées dans le cadre de la contestation électorale. Une jonction explosive que Tchiroma Bakary appelle de ses vœux.
Selon Jeune Afrique, le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a accordé une interview au média dans laquelle il "assurait suivre la situation avec attention, tout en faisant confiance aux autorités camerounaises afin qu'elles prennent des mesures adéquates".
Cette déclaration diplomatique masque mal l'inquiétude de Bangui. La Centrafrique, totalement dépendante du corridor camerounais pour son approvisionnement, pourrait rapidement se retrouver étranglée si la crise perdure. Une situation dont Tchiroma Bakary entend bien tirer profit pour internationaliser son combat contre Paul Biya.
Depuis la Gambie, où il a trouvé refuge après avoir contesté les résultats de la présidentielle d'octobre, Tchiroma Bakary tente de maintenir la pression sur le régime de Paul Biya. Jeune Afrique révèle que son objectif affiché est de "rendre le pays ingouvernable par son adversaire".
L'ancien ministre de la Communication dispose d'atouts non négligeables. Originaire du nord du pays, il y conserve des réseaux d'influence. Sa connaissance intime des rouages de l'État camerounais, où il a longtemps servi, lui permet d'identifier les points de vulnérabilité du système.
La grève des camionneurs révèle une nouvelle dimension de l'affrontement entre Paul Biya et son ancien ministre. Les axes routiers du septentrion sont devenus le terrain d'une guerre d'influence où chaque camp cherche à instrumentaliser les revendications légitimes des transporteurs.
Jeune Afrique souligne que "la crise couve toujours sur les routes du Cameroun" malgré la reprise de la circulation obtenue par la force. Le média panafricain suggère ainsi que le bras de fer entre les deux hommes est loin d'être terminé.
Les camionneurs se retrouvent malgré eux au centre d'un jeu politique qui les dépasse. Leurs revendications légitimes contre le racket routier sont instrumentalisées par Tchiroma Bakary dans sa stratégie de déstabilisation, tandis que le pouvoir voit en eux des alliés potentiels de l'opposition.
Cette position inconfortable explique peut-être la radicalisation progressive de leurs revendications. En réclamant la libération des personnes arrêtées pendant la crise post-électorale, ils franchissent une ligne rouge politique, exactement comme le souhaite Tchiroma Bakary depuis son exil gambien.
Les révélations de Jeune Afrique dessinent les contours d'une crise qui pourrait s'inscrire dans la durée. La stratégie de Tchiroma Bakary visant à perturber le septentrion camerounais et ses axes routiers vitaux dispose d'un terreau fertile : la colère légitime des transporteurs contre un système de racket institutionnalisé.
Le pouvoir camerounais se trouve face à un dilemme : céder aux revendications des camionneurs au risque d'affaiblir le système de contrôle routier, ou maintenir le statu quo au risque d'alimenter la stratégie de son adversaire exilé.
Dans ce bras de fer révélé par Jeune Afrique, les prochaines semaines seront décisives. La capacité de Paul Biya à gérer cette crise sociale aux implications politiques majeures constituera un test de la solidité de son pouvoir après sa réélection contestée.









