Conditions de voyage catastrophiques, hôtels inadaptés, bus en panne : le sélectionneur dénonce des années de négligence délibérée
Au-delà du bras de fer institutionnel, Marc Brys lève le voile sur les méthodes de sabotage employées par la Fecafoot contre sa propre sélection nationale. Dans un entretien exclusif à Jeune Afrique, le technicien belge détaille les dysfonctionnements qui ont plombé les performances des Lions indomptables.
Jeune Afrique révèle les coulisses d'un déplacement catastrophique qui a coûté des points précieux au Cameroun dans les éliminatoires de la Coupe du monde. Le 25 mars dernier, les Lions indomptables devaient affronter l'Eswatini à Nelspruit, en Afrique du Sud. Le match s'est soldé par un nul décevant (0-0).
Interrogé par le magazine panafricain, Marc Brys dénonce des "conditions de voyage absolument catastrophiques". Les joueurs sont arrivés "en bus après un long vol en avion, quelques heures avant le coup d'envoi". Résultat : une équipe épuisée qui concède un match nul face à une formation théoriquement largement inférieure.
"Les joueurs étaient épuisés", explique le sélectionneur à Jeune Afrique. Un état de fatigue qui n'avait rien d'accidentel selon lui, mais résultait d'une organisation délibérément défaillante de la part de la Fecafoot.
Jeune Afrique dévoile un autre exemple accablant : le barrage retour pour la qualification au Mondial 2026 contre la République démocratique du Congo, disputé à Rabat le 13 novembre. Le Cameroun s'est incliné 1-0, manquant ainsi la qualification pour la Coupe du monde.
Marc Brys révèle au magazine panafricain que l'hôtel choisi par la Fecafoot était "situé à près d'une heure du terrain d'entraînement". Une distance qui a contraint les joueurs à de longs déplacements quotidiens, entamant leur récupération et leur préparation.
Mais le pire était à venir. "Avec, en plus, un bus qui tombe en panne sur le trajet", confie le technicien belge à Jeune Afrique. Des conditions indignes d'une équipe nationale africaine de premier plan, qui ont directement impacté la performance sur le terrain.
Dans son entretien explosif à Jeune Afrique, Marc Brys ne cache plus son analyse de la situation : "Cela fait des décennies que je suis dans le football. Je ne pensais pas que ce genre de choses pouvait exister, un président de fédération qui ne veut pas la réussite de la sélection nationale par narcissisme. Mais si, ça existe au Cameroun."
Une accusation gravissime qui suggère que Samuel Eto'o, par orgueil personnel et volonté de contrôle absolu, préférerait voir l'équipe nationale échouer plutôt que de laisser Marc Brys, sélectionneur imposé par l'État, réussir à sa place.
Le technicien belge confie à Jeune Afrique qu'il pourrait "parler de tout ce que la fédération a fait pour que la sélection ne soit pas placée dans les meilleures conditions". Les deux exemples qu'il cite ne seraient donc que la partie émergée de l'iceberg.
Jeune Afrique révèle les circonstances humiliantes du renvoi de Marc Brys. "Comment avez-vous appris votre renvoi par la Fecafoot ?", interroge le magazine panafricain. "Par la presse", répond le sélectionneur belge.
"Une connaissance m'a appelé pour me dire qu'elle avait vu cela sur internet. J'ai donc regardé et c'est en lisant les informations que j'ai appris que le président de la Fecafoot avait annoncé mon renvoi, ainsi que celui du staff technique nommé par le ministère des Sports", raconte-t-il à Jeune Afrique.
Depuis cette annonce, le technicien n'a eu "aucun contact avec un membre de la fédération". Une absence totale de communication qui contraste avec les obligations contractuelles et le respect élémentaire dû à un sélectionneur national.
Plus troublant encore, Jeune Afrique apprend que Marc Brys n'a reçu "aucune notification officielle" lui signifiant la fin de ses fonctions. Ni de la Fecafoot, ni du ministère des Sports qui l'emploie et avec qui il est sous contrat jusqu'au 30 septembre 2026.
"À ce jour, je n'ai reçu aucune notification officielle m'indiquant que je ne suis plus le sélectionneur des Lions indomptables", affirme-t-il au magazine panafricain. Une situation juridiquement intenable qui place le football camerounais dans une zone de non-droit.
Le sélectionneur belge pose ses conditions à Jeune Afrique : "Si effectivement on veut que je parte, qu'on me paie ce qu'on me doit et ce qu'on doit à mes adjoints dont la Fecafoot a également annoncé le renvoi."
Interrogé par Jeune Afrique sur la position du ministère des Sports, Marc Brys révèle n'avoir eu "aucun contact direct avec le ministre Narcisse Mouelle Kombi", qu'il décrit pourtant comme "une personne que j'apprécie beaucoup et qui m'a toujours soutenu".
Ce silence du ministre, nommé par Paul Biya et théoriquement employeur du sélectionneur, interroge. Marc Brys évoque à Jeune Afrique une hypothèse : "Narcisse Mouelle Kombi pourrait-il avoir reçu pour instruction de ne pas réagir ? Oui, c'est possible."
Une phrase qui suggère que la présidence camerounaise elle-même aurait pu arbitrer en faveur de Samuel Eto'o dans ce bras de fer, laissant le champ libre au président de la Fecafoot pour imposer sa vision et ses méthodes, aussi contestables soient-elles.
Les révélations de Jeune Afrique dessinent le portrait accablant d'une fédération qui sabote systématiquement sa propre sélection nationale, privant le Cameroun de ses chances de succès sur la scène continentale et mondiale.









