La décision de reprendre le contrôle de la société de distribution de l'énergie électrique au Cameroun est un pas dans la bonne direction pour assurer la souveraineté énergétique du pays. Beaucoup s'interrogent sur la pertinence de la nationalisation d'Eneo, la société de distribution de l'énergie électrique au Cameroun, alors que l'État détenait déjà une part importante de ses actions. En réalité, la détention majoritaire du capital ne signifie pas nécessairement un contrôle total.
Eneo, qui opère au Cameroun depuis 2014, était jusqu'à présent une société anonyme de droit privé, régie par des mécanismes de gestion autonomes, avec un Conseil d'administration et une direction fonctionnant souvent selon une logique commerciale, parfois déconnectée des priorités nationales. La nationalisation vient rompre avec ce cadre pour placer l'entreprise sous un statut entièrement public, en modifiant son régime juridique et en permettant à l'État d'en reprendre le contrôle direct.
Ce changement marque la fin d'une gouvernance semi-autonome souvent inefficace, et le début d'une nouvelle phase où Eneo devient un véritable instrument de souveraineté énergétique pour le Cameroun. C'est une décision stratégique visant à restructurer le secteur de l'électricité, améliorer l'accès à l'énergie pour tous les Camerounais - notamment les zones rurales longtemps marginalisées - et réorienter les priorités vers l'intérêt général.
La nationalisation n'est donc pas une formalité, mais un acte politique fort pour redonner à l'énergie son statut de bien commun, en rupture avec une gestion d'entreprise tournée vers la logique de rentabilité. Le Cameroun, avec une population de plus de 27 millions d'habitants, a besoin d'une gestion efficace de son secteur énergétique pour soutenir sa croissance économique et améliorer les conditions de vie de ses citoyens. La nationalisation d'Eneo est donc une étape importante dans la mise en œuvre de la politique énergétique du Cameroun, qui vise à assurer l'accès à l'énergie pour tous les citoyens, tout en promouvant la croissance économique et la réduction de la pauvreté.
Cependant, il est important de mettre en garde les fonctionnaires camerounais qui pourraient être tentés de saboter cette initiative. Beaucoup d’observateurs ont par exemple vu, par le passé, comment des sociétés d'État ont été gérées de manière catastrophique par des fonctionnaires véreux, au détriment de l'intérêt national. La SNH, la Camair-Co, la Sonara sont autant d'exemples de sociétés dont la gestion fait jaser. Il est donc crucial que les fonctionnaires chargés de gérer Eneo mettent l'intérêt national au-dessus de leurs intérêts personnels.
La nationalisation d'Eneo est une opportunité pour le Cameroun de reprendre le contrôle de son secteur énergétique et de l'utiliser pour le développement du pays. Mais Eneo n'est pas la seule société qui devrait être nationalisée.
Il y a d'autres secteurs stratégiques qui sont encore entre les mains de privés, notamment la filière cacao café, qui est actuellement en otage de sociétés multinationales telles que Archer Daniels Midland (ADM), Cargill et Barry Callebaut (via sa filiale locale SIC-Cacaos). D'autres sociétés comme Atlantic Cocoa, Telcar Cocoa (qui a racheté les actifs d'un important négociant local), et Chococam sont également des acteurs majeurs dans la transformation locale ou l'exportation.









