Les documents présentés aux parlementaires et qui a fuité sur les réseaux sociaux, sont des extraits du Projet de Loi de Finances de la République du Cameroun pour l’exercice 2026, ainsi que de son exposé des motifs, soumis à l’examen des représentants de la nation. Ils exposent en réalité les grandes lignes de la politique budgétaire de l’État pour l’année 2026, ses priorités, ses sources de financement ainsi que la structure générale des recettes et dépenses publiques.
Le projet de loi est élaboré conformément à la loi n°2018/12 du 11 juillet 2018 portant régime financier de l’État. L’exposé des motifs rappelle que son élaboration intervient dans un environnement international marqué par des turbulences économiques et géopolitiques persistantes, une croissance mondiale projetée à 3,1% en 2026 ; une amélioration attendue de l’économie camerounaise avec une croissance nationale estimée à 4,3% en 2026 contre 3,9% en 2025.
Au niveau sous-régional (Cemac), la croissance économique devrait également s’accélérer, passant de 2,6 % en 2025 à 3,3 % en 2026. Le budget de l’État pour 2026 s’équilibre en recettes et dépenses à 8 816,4 milliards Fcfa, contre 7 335,9 milliards en 2025, soit une augmentation de 1 480,5 milliards Fcfa. En taux, l’on parle d’une progression de +14,0%. Le budget général est fixé à 8 683,9 milliards Fcfa, en hausse de 1 014,9 milliards par rapport à 2025.
Par ailleurs, les recettes internes sont projetées à 5 887,0 milliards Fcfa, en hausse de 452,2 milliards (soit +8,3 %). Elles se répartissent comme suit : les recettes pétrolières & gazières s’élèvent à 523,7 milliards, les recettes fiscales et douanières à 4 889,5 milliards ; les recettes non fiscales à 400 milliards et les dons à 73,8 milliards. Quant aux dépenses majeures, elles concernent le personnel chiffré à 1 625,4 milliards ; les biens & services à 1 206,0 milliards ; les transferts et interventions à 2 026,8 milliards, ainsi que la dette publique à 2 026,3 milliards.
À noter que la dette prend une part significative du budget, ce qui traduit la pression financière de l’État. S’agissant du Budget d'investissement public (Bip), il représente 35,7 % des dépenses primaires, mais sa part dans le budget total de l’État diminue à 22,8 % en 2026, contre 24,2 % en 2025. Le solde global reste pour sa part déficitaire, atteignant 631,0 milliards Fcfa, contre 309,9 milliards en 2025.
Pour couvrir ce déficit, l’État prévoit plusieurs leviers, notamment tirages sur prêts-projets : 826,7 milliards ; les titres publics à 400 milliards ; les financements bancaires à 589,7 milliards ; les appuis budgétaires à 120 milliards ; les financements exceptionnels à 167,8 milliards et les emprunts extérieurs à 1 000 milliards de francs CFA. On note un recours important à l’endettement extérieur. Parmi les nouveautés du budget 2026, il y a la suppression des chapitres communs, remplacés par deux dotations d’urgence ; la réforme du mode de présentation des budgets de souveraineté ; le décret portant nouvelle nomenclature budgétaire ; la scission du Fonds de reconstruction (Noso – Extrême Nord).
En innovation majeure, l’on a la création d’un Fonds spécial pour l’autonomisation économique des femmes & la promotion de l’emploi des jeunes, doté de 50 milliards Fcfa. En gros, le budget total 8 816,4 milliards Fcfa. Ce projet de loi met en avant une ambition d’investissement et de relance économique, accompagnée toutefois d’un niveau d’endettement élevé et croissant, ce qui constituera un point d’attention majeur pour la soutenabilité financière du pays.









