Actualités of Monday, 1 December 2025

Source: L’Indépendant n°985

Sale pratique : le ministre Nganou Djoumessi et la DG de Camtel pris en flagrant délit

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Le dernier rapport de la Chambre des comptes est un véritable brûlot qui épingle les gestionnaires publics. La part belle au MINTP et à Camtel où les casseroles s’accumulent.

Yap Abdou et le mythe de Sisyphe ? Le haut magistrat n’en démord pas. La faute au déficit du pouvoir répressif qui relègue la Chambre des comptes à un simple instrument de dénonciation, à l’instar de la Conac. Après les scandales du Covidgate, Cangate, qui ont connu des fortunes diverses, le rapport 2024 de la Chambre des comptes est un véritable brûlot.

Il indexe les dérapages budgétaires avec un faible transfert des ressources verts les collectivités décentralisées. Au crible des auditeurs de la Chambre des comptes, il y a en bonne place, la Camtel. Entreprise citoyenne s’il en est. Au fil du temps, elle a sombré dans un management catastrophique : fautes de gestion, personnel pléthorique, investissements hasardeux, dette colossale et improductive.

Des milliards engloutis dans la fibre optique alors que la connectivité Internet reste dérisoire. Au mépris de la protection des données sensibles, Camtel a confié à une société étrangère, la gestion des communications internationales. Une grave menace à la souveraineté nationale, par l’accès aux codes stratégiques par une société étrangère.

Que dire de la gestion catastrophique de Nganou Djoumessi, ministre des Travaux publics (MINTP) ? Prédateur impitoyable en dépit des scandales qui s’accumulent dans la construction des ouvrages d’art, des ponts métalliques, du péage routier, des marchés surfacturés et parfois fictifs et non livrés, des infrastructures routières avec le florilège des société écrans, du conflit d’intérêt, du népotisme…

La construction du 2ème pont sur le Wouri est l’objet d’un arbitrage international du fait d’un contentieux opposant l’État camerounais aux entreprises Sogea Satom et Soletanche Bachy. Le risque est évalué à 15 milliards Fcfa pour le seul État, hors pénalités et intérêts. Autre scandale et pas des moindres, la route Garoua Boulaï - Ngaoundéré, livrée en 2018 par le groupement Andrade Gutierrez Zagope.

Des malfaçons et des retards dans les décomptes définitifs génèrent un passif potentiel de 52 milliards Fcfa. En outre, plusieurs prestataires locaux (Super Confort, Bofas Sarl et autres) revendiquent plus de 37 milliards de Fcfa pour des travaux exécutés mais non réglés ou contestés, souvent liés à des problèmes d’expropriation et de libération d’emprises. Ces chiffres, révélés lors de l’examen du budget 2026 à l’Assemblée nationale, soulignent les conséquences financières des retards dans le règlement des litiges fonciers et des décomptes définitifs.

Ainsi, le MINTP cumule 87,5 milliards Fcfa de risques financiers liés à des litiges fonciers et des contentieux contractuels sur plusieurs chantiers majeurs. Ce nouveau rapport de la Chambre des comptes, arrive dans un contexte d’attente pressante. La mise sur pied du premier gouvernement du septennat dit de la « grandeur et de l’espérance », et la lutte contre la corruption évoquée de manière sommaire lors du discours d’investiture, constitue deux balises à l’aune desquelles se mesurera la volonté politique de lutter efficacement contre l’hydre tentaculaire de la corruption.