Quand Martinez Zogo a choisi de braquer les projecteurs sur les détournements de deniers publics et les magouilles financières au sommet de l’État, il ignorait qu’il s’attaquait à un réseau criminel organisé, solidement ancré dans les sphères du pouvoir, des finances et des affaires. Trois ans après son assassinat, les masques tombent un à un, révélant une toile d’araignée où se mêlent prête-noms, banques complaisantes, hommes d’affaires véreux et hauts fonctionnaires. Les auditions devant le Tribunal Militaire, notamment celle d’Alain Ekassi, ont mis en lumière des noms clés : Martin Savom, Jean Gakam, Bruno Bidjang, Louis Paul Motazé, et même Evina Ndo, numéro 2 de la Direction de la Sécurité Présidentielle.
Assassinat de Martinez Zogo : Les financiers de l’ombre
En s’engageant à dénoncer les prévaricateurs de la fortune publique, Martinez Zogo était loin de se douter qu’il s’était attaqué à un véritable cartel de criminels économiques, nichés dans le sérail, les finances publiques et le monde des affaires.
Ces pilleurs à col blanc qui opèrent pour la plupart par des prêtes noms, ont été impitoyables pour le pauvre animateur d’Amplitude Fm, dont le sport favori était de les fustiger dans son émission à succès ‘’ Embouteillage ’’. Pratiquement trois ans après le drame, les masques ne cessent de tomber.
Lors de la désormais historique audience du 24 Novembre dernier au Tribunal Militaire, le témoin du Ministère du Gouvernement Alain Ekassi avait littéralement mystifié l’assistance en désignant Martin Savom comme celui qui avait assené le coup de grâce à Martinez Zogo, et à Mgr Benoit Bala. Dans son témoignage, le redoutable ‘’ indic ‘’ des Forces de Maintien de l’Ordre avait mis en relief les nombreux va et viens, de Martin Savom dans les locaux d’Afriland First Bank.
Cette banque justement, a comme Directeur du Groupe des Ressources et de la Comptabilité Jean Gakam. Ce dernier est également le véritable propriétaire de Sky Motors Company au Cameroun, et distribue des véhicules de marque ‘’ Jetour ’’. Il avait d’ailleurs offert deux véhicules à Bruno Bidjang. Le freluquet des médias d’Amougou Belinga en avait profité pour en offrir en grande pompe un à son épouse, sans pour autant signaler que lui-même les avait reçues en cadeau. Le rapport entre Jean Gakam, Martin Savom, Bruno Bidjang et les autres, est qu’ils ont tous été cités dans l’affaire de l’assassinat de Martinez Zogo.
Le chef de chaîne d’Amplitude Fm a littéralement signé son arrêt de mort lorsqu’au bout de ses investigations, il découvre que Vision Finances dont la propriété est attribuée à Jean Pierre Amougou Belinga est inscrit dans les livres de Afriland First Bank, et que son véritable propriétaire n’est autre que le ministre des Finances Louis Paul Motaze. Amougou Belinga n’est qu’un prête nom dont se sert Louis Paul Motaze. Pour reconstituer le puzzle, il faut noter que de par ces transactions mafieuses, Louis Paul Motaze a des ramifications avec Jean Gakam. C’est donc Afriland qui aide Motaze et Amougou Belinga à piller les caisses de l’Etat à travers les lignes 94, 65 et 57 grâce à Vision Finances. Jean Gakam, très proche de Martin Savom est également très proche d’Evina Ndo, le numéro 2 de la Direction de la Sécurité Présidentielle (DSP dirigée par Ivo Desancio Yenwo). Selon des sources sûres, Martin Savom avait envoyé les vidéos de la torture de Martinez Zogo à Evina Ndo, pendant que Justin Danwe s’était directement rendu dans le bureau d’Amougou Belinga à l’immeuble Ekang, lui remettre ces vidéos là qu’il avait reçues à travers un IPhone qu’il venait à peine d’acheter.
Martinez Zogo aura donc payé de sa vie les dénonciations de la pègre. Pénétrer un tel panier à crabes ne garantit guère d’en ressortir vivant. C’est ce qu’a expérimenté au prix de son propre sang le chef de chaine d’Amplitiude Fm. Cependant, malgré cette mort d’une violence inouïe, Martinez Zogo est rentré au panthéon des grands journalistes d’investigation. Ses découvertes sont aujourd’hui exploitées par la justice. Tout porte à croire que l’étau est en train de se resserrer sur ce cartel, et que les prochaines audiences de ce procès seront fort révélatrices.
Paul Chouta









