Troisième de la présidentielle avec 3,41% des voix, Cabral Libii a rapidement tourné la page du scrutin d'octobre. Jeune Afrique révèle comment le leader du PCRN compte transformer son fief du Nyong-et-Kellé en tremplin pour reconquérir le devant de la scène politique.
Alors que d'autres opposants continuent de contester les résultats de la présidentielle, Cabral Libii a fait un choix stratégique radical : accepter la victoire de Paul Biya et se projeter vers les prochaines échéances. Jeune Afrique dévoile les contours d'une stratégie méticuleusement préparée qui pourrait faire du leader du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) un acteur incontournable de la vie politique locale.
Selon les informations exclusives de Jeune Afrique, le PCRN de Cabral Libii dispose d'un ancrage territorial impressionnant dans le département du Nyong-et-Kellé, dans la région du Centre. Le magazine révèle les chiffres précis de cette domination : sur les 10 communes que compte le département et ses 250 conseillers municipaux, le PCRN en contrôle cinq.
Jeune Afrique détaille cette implantation : le parti de Libii dirige les communes d'Eséka, Makak, Matomb, Messondo et Ngog-Mapubi, ce qui lui assure le contrôle de 125 conseillers municipaux. À ces effectifs s'ajoutent quatre élus supplémentaires à Bot-Makak, portant le total à 129 conseillers municipaux sous la bannière du PCRN.
Le magazine panafricain révèle un fait politique majeur : avec ses 129 conseillers municipaux contre seulement 118 pour le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), le PCRN détient la majorité absolue dans le département du Nyong-et-Kellé. Une situation unique qui fait de ce territoire un laboratoire politique où l'opposition domine face au parti présidentiel.
Pourtant, Jeune Afrique rappelle un échec cuisant : en 2020, malgré cette domination municipale écrasante, Cabral Libii avait été battu par le RDPC lors de l'élection des conseillers régionaux. Le défi pour le leader du PCRN est donc de taille : comment transformer sa supériorité numérique en victoire effective ?
La reconnaissance de la victoire de Biya : calcul ou trahison ?
Jeune Afrique révèle que la décision de Cabral Libii de reconnaître la victoire de Paul Biya à la présidentielle du 12 octobre n'a pas été sans conséquences. Cette prise de position a suscité un tollé chez les opposants proches d'Issa Tchiroma Bakary, qui y voient une forme de capitulation.
Mais selon l'analyse du magazine, cette reconnaissance pourrait relever d'un calcul politique plus subtil. En affichant sa volonté de tourner la page du scrutin présidentiel, Libii se positionne comme un opposant "responsable" et "constructif", susceptible de dialoguer avec le pouvoir tout en préservant ses intérêts électoraux locaux.
Jeune Afrique souligne que les régionales du 30 novembre ne sont qu'une étape pour Cabral Libii. Son véritable objectif se situe au-delà : les élections législatives prévues cette année. Une victoire dans le Nyong-et-Kellé lui permettrait de renforcer sa crédibilité et de disposer d'une base territoriale solide pour aborder ce scrutin national dans les meilleures conditions.
Le magazine révèle que le PCRN mise sur une stratégie de "conquête progressive" : d'abord consolider les bastions locaux, puis étendre progressivement son influence à d'autres régions du pays. Le Nyong-et-Kellé constitue ainsi le laboratoire de cette ambition nationale.
Pour Jeune Afrique, ces régionales représentent un test de maturité pour Cabral Libii et son parti. Réussir à transformer une domination municipale en victoire régionale démontrerait sa capacité à mobiliser efficacement ses troupes et à consolider son leadership.
À l'inverse, un nouvel échec face au RDPC malgré sa supériorité numérique soulèverait de sérieuses questions sur la capacité du PCRN à gérer les rapports de force politiques et à s'imposer face à la machine électorale du parti au pouvoir.
Les prochains jours diront si le pari stratégique de Cabral Libii était le bon ou si sa reconnaissance prématurée de la victoire de Paul Biya aura été une erreur politique majeure.









