Actualités of Monday, 24 November 2025

Source: www.camerounweb.com

Coup de tonnerre/Affaire Martinez Zogo : Un témoin accuse le maire Savom d'être l'assassin du journaliste et de Mgr Balla

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Un rebondissement spectaculaire marque le procès de l'assassinat du journaliste Martinez Zogo. Ce lundi 24 novembre, lors de l'audience au Tribunal militaire de Yaoundé, Alain Ékassi, témoin du ministère public, a directement accusé Martin Savom, maire de Bibey actuellement détenu à la prison principale de Kondengui, d'être l'assassin de Martinez Zogo. Plus troublant encore, le témoin affirme que Savom serait également impliqué dans la mort de Mgr Jean Marie Benoît Balla.

Cette déclaration intervient près de trois ans après l'enlèvement et l'assassinat de Martinez Zogo, animateur vedette de l'émission "Embouteillage" sur Amplitude FM, dont le corps supplicié avait été retrouvé le 22 janvier 2023 en périphérie de Yaoundé, cinq jours après son enlèvement devant la gendarmerie de Nkol Nkondi.


Le nom de Martin Savom, édile de la petite localité de Bibey dans la région Centre du Cameroun, était apparu comme "un cheveu sur la soupe" dans cette affaire, selon les termes utilisés par Jeune Afrique dans une enquête publiée en avril 2024. Le magazine panafricain avait révélé que c'est un rapport d'expertise de Jean-Pierre Ouloumou, expert en cybercriminalité, qui avait fait de ce magistrat municipal "l'une des pièces centrales du puzzle".

Jeune Afrique avait détaillé comment l'analyse des téléphones avait permis de placer Savom au cœur de l'enquête. L'expert en cybercriminalité avait découvert qu'un même numéro de téléphone figurait dans les contacts de Martinez Zogo sous le nom "Savom maire" et dans ceux de Justin Danwe, cerveau présumé du commando, sous le nom "Martin Essouma". Plus troublant encore, Martinez Zogo avait passé un coup de fil à ce contact le 17 janvier 2023 à 19h54, soit quelques minutes avant son enlèvement.

Selon les révélations de Jeune Afrique, c'est Bell Bitjoka, expert en cybercriminalité, qui avait finalement démontré que Martin Savom était non seulement présent à Yaoundé le jour du rapt de Martinez Zogo, mais qu'il s'était également rendu dans une banque et qu'il avait échangé et rencontré Justin Danwe à plusieurs reprises dans les semaines précédentes. C'est sur cette base que le juge d'instruction Pierrot Narcisse Nzié l'avait formellement inculpé pour "complicité d'assassinat".


La déclaration d'Alain Ékassi devant le tribunal militaire va toutefois beaucoup plus loin que la simple complicité. En accusant directement Martin Savom d'être l'assassin de Martinez Zogo, le témoin élève le maire de Bibey au rang d'exécutant direct du crime, et non plus seulement de complice.

Mais c'est l'évocation de Mgr Jean Marie Benoît Balla qui constitue la révélation la plus explosive. L'archevêque émérite de Bafoussam, figure respectée de l'Église catholique camerounaise, était décédé dans des circonstances qui avaient suscité des interrogations. Si les accusations d'Alain Ékassi devaient être confirmées, elles ouvriraient un nouveau chapitre dans une affaire déjà extrêmement complexe et sensible.

Le procès de l'affaire Martinez Zogo, ouvert le 25 mars 2024, s'était déjà distingué par ses multiples rebondissements. Jean-Pierre Amougou Belinga, magnat des médias, avait été désigné comme le commanditaire présumé de l'assassinat du journaliste qui le critiquait régulièrement dans son émission. Les enquêteurs avaient également mis en cause Justin Danwe comme cerveau du commando.
L'analyse des téléphones effectuée par les experts, comme l'avait révélé Jeune Afrique, avait permis de reconstituer les dernières heures de Martinez Zogo et de mettre au jour un réseau complexe d'interlocuteurs et de complicités. Les conversations retranscrites confirmaient que le journaliste et Amougou Belinga étaient "à couteaux tirés", malgré les tentatives de médiation de plusieurs personnalités.

Si l'expertise avait permis d'écarter certaines pistes - notamment celle de l'ancien patron de la Direction générale du renseignement extérieur (DGRE), Léopold Maxime Eko Eko, accusé par Justin Danwe mais dont les téléphones ne montraient pas d'implication selon les experts - d'autres restent à éclaircir.
Les déclarations d'Alain Ékassi devront être corroborées par d'autres éléments de preuve pour déterminer si Martin Savom est effectivement l'assassin de Martinez Zogo ou s'il n'était qu'un maillon d'une chaîne plus complexe. Quant aux accusations concernant la mort de Mgr Balla, elles nécessiteront vraisemblablement l'ouverture d'une enquête complémentaire.

Le tribunal militaire de Yaoundé poursuit ses audiences dans une affaire qui continue de secouer le Cameroun et d'interroger sur les liens entre pouvoir, médias et justice dans le pays.