Depuis plusieurs semaines, la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT) se trouve au cœur d’une polémique juridique et administrative avec le Ministère des Sports (MINSEP). Au centre des débats : le processus électoral de la FECAFOOT, que certains estiment prématuré, faute d’un avis de conformité émanant du ministère de tutelle. Pourtant, cette position soulève une question fondamentale : jusqu’où peut s’étendre le pouvoir de contrôle du MINSEP sans empiéter sur l’autonomie de la fédération ?
En droit, la théorie du temps offre une réponse claire. Elle encadre strictement les délais dans lesquels l’administration peut exercer son contrôle, protégeant ainsi la stabilité des processus décisionnels des fédérations sportives. Une fois ces délais dépassés, comme ce fut le cas pour la FECAFOOT, le ministère perd la possibilité d’intervenir, sous peine de perturber arbitrairement le fonctionnement d’une organisation privée régie par ses propres textes.
Dans ce contexte, la décision de la FECAFOOT de lancer son processus électoral, malgré l’absence de réponse du MINSEP, s’inscrit dans le respect des règles juridiques. Une analyse éclairante de Me Jim Noah, expert en droit du sport, qui rappelle que l’équilibre entre tutelle administrative et autonomie fédérale est un enjeu crucial pour la gouvernance sportive au Cameroun.
<< L'EXERCICE DU CONTRÔLE DE CONFORMITÉ PAR LE MINISTRE DE TUTELLE, CONFRONTÉ À LA RUDE EPREUVE DE LA THÉORIE DU TEMPS: CRISE MINSEP-FECAFOOT>>
Depuis un certain temps, nous regardons des émissions sportives à la télé, émissions dans lesquelles nous avons régulièrement entendu des gens dire que la FECAFOOT ne devrait pas engager son processus electoral au motif qu'elle n'avait pas déjà reçu un avis de conformité venant du Ministère des Sports.
Selon cette tendance, tant que le Ministère n'a pas délivré un avis de conformité ou de non conformité, la FECAFOOT ne doit rien entreprendre; une véritable hérésie juridique.
En effet, personne n'a jamais refusé au Ministre des Sports son droit de jouir du pouvoir de tutelle admnistrative puisque la FECAFOOT jouit d'une DÉLÉGATION DE SERVICE PUBLIC du FOOTBALL par la volonté de l'État. En outre, le ministre doit justement exercer son pouvoir de tutelle en soumettant les textes de la FECAFOOT ainsi que les mécanismes qui ont conduit à leur adoption au contrôle de conformité; la FECAFOOT n'a d'ailleurs jamais été contre cette réalité.
Toutefois, ce contrôle doit s'exercer dans l'intervalle qui existe entre le jour de la saisine du MINSEP par la FECAFOOT et le jour du début du processus électoral en cause tel que prévu par les textes organiques.
Ce délai passé, le Ministre des Sports NE PEUT PLUS exercer un quelconque contrôle de conformité au risque de modifier de manière arbitraire le fonctionnement d'une organisation privée, soumise à ses propres textes. En droit, cela entre dans le champ de ce qu'on appelle la <
En d'autres termes, il s'agit là du point de déséquilibre entre l'autonomie des fédérations et l'exercice du contrôle par l'administration. Une fois la periode de cet intervalle passé, La FECAFOOT n'avait plus rien à attendre du Ministre des Sports qui semble- t-il a préféré le silence au lieu de dire si oui ou non, les nouveaux textes adoptés par Assemblée Générale en fin 2024 sont conformes à la législation en vigueur en la matière.
En lançant le processus electoral en cause, la Fédération Camerounaise de Football a agi en toute légalité et sa méthode est à louer.
Me Jim Noah
Sport Law Expert









