Un collectif de personnalités intellectuelles et artistiques du pays a publié une tribune. Elle l’a été dans le journal français Libération. Son but est de dénoncer le silence de la communauté internationale face à la crise post-électorale qui secoue le Cameroun.

Le désintérêt pour l’élection présidentielle « usurpée par le pouvoir en place témoigne de la solitude d’un peuple victime de la brutalité d’un régime post-colonial vieillissant et d’une quasi-indifférence du monde », fait savoir le collectif de personnalités, dont la suite du discours est relayée par notre rédaction.

« Président. Tout indique que Paul Biya, à la tête de l’État depuis quarante-trois ans, a été battu par son challenger et ancien ministre Issa Tchiroma Bakary.

Mais, fidèle à un scénario désormais bien rodé, le régime a usé de fraudes massives et mobilisé son arsenal institutionnel pour inverser la volonté populaire et s’accrocher au pouvoir.

Après deux semaines de tripatouillages en coulisse, le Conseil constitutionnel inféodé au régime en place a déclaré le président sortant vainqueur du scrutin, avec 53,66 %.

Âgé de 92 ans, il entame donc son huitième mandat consécutif. Depuis son actuel lieu de repli, Issa Tchiroma Bakary continue de revendiquer sa victoire et d’appeler à la mobilisation pacifique, notamment à travers les journées de villes mortes.

Face à cette crise post-électorale majeure, la réaction de la communauté internationale est consternante : un silence assourdissant et coupable. La France elle-même, qui parraine le régime camerounais depuis des décennies, s’est contentée d’un timide communiqué.

Cette attitude n’est pas anodine. Elle prolonge un système de dépendance postcoloniale où les autocrates africains savent pouvoir compter sur la complaisance de leurs anciens tuteurs. Paul Biya et son entourage ne redoutent rien tant qu’un lâchage diplomatique de leurs partenaires occidentaux », estime le groupe derrière la sortie.

Voilà la communauté internationale une fois touchée, reste à savoir si elle fera quelque chose pour décanter la situation. Issa Tchiroma Bakary a déjà expliqué que son camp l’avait saisie, mais qu’elle a répondu que le changement doit provenir des Camerounais eux-mêmes et non d’elle.