Traumatisés par la tentative de coup d'État de 1984, Atanga Nji, Mbarga Nguélé et Meka voient dans la crise actuelle la résurgence d'un spectre qu'ils croyaient avoir exorcisé. Une grille de lecture exclusive de Jeune Afrique.
Pour comprendre l'intransigeance absolue qui règne aujourd'hui au sommet de l'État, il faut se replonger dans les archives d'un traumatisme fondateur : le coup d'État manqué du 6 avril 1984. Selon l'analyse de Jeune Afrique, basée sur des entretiens avec des proches du pouvoir, la crise actuelle est vécue par les « sécurocrates » historiques non comme une simple contestation électorale, mais comme la résurgence du « complot nordiste » qui faillit emporter le régime.
Jeune Afrique révèle ainsi que le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, le directeur de la police, Martin Mbarga Nguélé, et le chef d'état-major des armées, René Claude Meka, partagent une conviction intime : Issa Tchiroma Bakary, ancien putschiste présumé, rejoue aujourd'hui à froid la partition qui le conduisit en prison il y a quarante ans. Une source très proche de l'un de ces trois hommes a confié à Jeune Afrique : « Pour eux, Tchiroma n'a jamais changé. Ses méthodes sont différentes, plus politiques, mais son objectif reste le renversement du président Biya. C'est une question personnelle. »
Cette lecture explique la radicalité du verbe de Paul Atanga Nji et son intransigeance envers les préfets. Elle éclaire aussi la fermeté sans faille de Martin Mbarga Nguélé, dont la résidence fut attaquée et deux neveux tués lors des événements de 1984. Un proche du directeur de la police a assuré à Jeune Afrique : « Mbarga Nguélé considère cette lutte comme la dernière bataille d'une guerre qui a commencé il y a quatre décennies. Il n'y aura pas de quartier. »
Quant au général Meka, bien que moins visible pour raisons de santé, sa présence dans ce cercle rappelle que la mémoire de la grenade qui faillit les emporter, lui et Mbarga Nguélé, reste un ciment puissant. En exposant ces ressorts psychologiques et mémoriels, Jeune Afrique offre une clé de compréhension essentielle : la crise n'est pas seulement gérée en « sécurocrates », mais en survivants d'une guerre civile larvée, pour qui le dialogue avec l'« ancien putschiste » est une ligne rouge absolue.









