Le 4 novembre 2025, la livraison du petit dictionnaire sonore au poste national de l’Office de radiodiffusion télévision camerounaise (CRTV), a entretenu les auditeurs sur la solennité des mots « I do so swear – Je le jure », qui marquent la prise de fonction officielle de Paul Biya pour un nouveau mandat (Ndlr, la prestation de serment du Président de la République a lieu le 6 novembre 2025, soit l’an 43 de son accession à la magistrature suprême). Lisez-plutôt.
Serment de fidélité à la République, à la constitution et au peuple. « I do so swear ». Je le jure. Le Président de la République reprend ces mots en toute solennité. Le propos en anglais rappelle le séjour de Foncha Shang Lawrence au perchoir. Il est Président de l’Assemblée nationale de 88 à 92. Au départ était la parole. Elle est le socle de l’autorité. Le président de la République scelle ainsi son engagement devant la loi, les institutions et les citoyens. C’est un acte qui fonde la légitimité. La solennité de la langue traduit la gravité de la mission.
Le serment marque la séparation entre l’individu et la fonction : le Président s’efface derrière l’État, promet de protéger la Constitution, de respecter les droits de tous et d’agir pour le bien commun. Il s’agit d’un pacte moral et politique : à travers ces mots, il affirme que ses décisions, ses actions et ses choix seront guidés par le respect des règles et la préservation de l’ordre, et non par l’arbitraire ou l’intérêt personnel. « I do so swear », c’est le signe perceptible de l’engagement invisible, notamment l’écho de la responsabilité qui lie le dirigeant à la nation tout entière. La langue anglaise, avec son rythme précis et sa sonorité magistrale, transforme ces mots en une vibration qui traverse le temps et l’espace.
Serment de rattachement au dialogue mondial
« I do so swear » possède cette musicalité qui capte l’attention et imprime la gravité du serment dans les mémoires. En anglais, le serment parle à la communauté internationale autant qu’aux citoyens du Cameroun. Il rappelle que la fonction présidentielle s’inscrit dans un dialogue mondial. C’est le serment de rester à l’écoute des Camerounais. Ils lui ont réservé 53,66 % des suffrages exprimés. Le calcul est simple dans un scrutin présidentiel à un tour. 50 % de votes exprimés plus une seule voix suffisent à déterminer le vainqueur d’une présidentielle. Chaque vote est un message qu’il faut capitaliser. Il est question de comprendre à nouveau les attentes des compatriotes, de mesurer leurs besoins et d’ajuster les politiques publiques. Il s’agit de procéder aux réglages nécessaires, de corriger ce qui freine le développement et de renforcer ce qui fonctionne.
Voix du peuple = voix de Dieu
L’objectif consiste à transformer cette légitimité électorale en progrès concret et durable. « I do so swear » devient aussi le reflet d’un dialogue vivant avec le peuple. La voix des Camerounais gagne à davantage y guider la prise de décision. « I do so swear » présente d’ailleurs une longueur d’avance au sujet de la loi sur le bilinguisme. Certes, la Constitution reconnaît le français et l’anglais comme langues officielles. Mais la pratique tendait souvent à limiter l’anglais à une traduction du français. Ici, au moment de la prestation de serment sous Fonka Shang Lawrence, l’anglais est autonome. Il est production d’un contenu officiel. Le président de la République montre ainsi que la langue anglaise porte le poids légal et symbolique de l’autorité.
« I do so swear » devient le signe d’un bilinguisme vivant. Le mot prononcé en anglais n’est pas secondaire. Il est pleinement constitutif du pouvoir et de la responsabilité. En ce sens, il affirme que la langue anglaise elle-même crée, régit et rend l’action présidentielle légitime. Le serment est le souffle de l’État. Il anime la fonction présidentielle. « I do so swear » est la promesse de cohérence entre parole et action.
Il est le signal que l’autorité ne repose pas sur l’arbitraire. Il fait du droit son allié dans le sens du bien commun. Chaque citoyen est en dialogue silencieux avec le Président de la République dans le serment. Il rend audible la promesse d’exercer le pouvoir avec prudence et discernement. Victor Hugo a donc raison : « faire un serment, c’est enfermer son honneur dans un mot ».
Le Petit dictionnaire sonore est une fresque radiophonique de trois minutes d’antenne quotidienne. Les mots y prennent la parole. Ils disent le Cameroun à partir des termes et des expressions uniques au pays et à ses citoyens. Les sons deviennent sens et conscience d’un Cameroun rarement visité. Le Petit dictionnaire reproduit un éclat du pays, un bout du terroir, une mémoire vivante, patriotique et partagée dans une identité culturelle de prestige.









