Actualités of Tuesday, 4 November 2025

Source: www.camerounweb.com

Nouvelle victoire pour Issa Tchiroma : le Grand Nord paralysé, Yaoundé et Douala résistent

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La première journée d'opération "villes mortes" décrétée par Issa Tchiroma Bakary a révélé une fracture géographique nette dans le soutien au candidat contestataire. Selon les observations exclusives de Jeune Afrique sur le terrain, la mobilisation a été massive dans le Septentrion camerounais, tandis que les grandes métropoles du Sud ont montré une adhésion plus timide.



Les révélations de Jeune Afrique sont sans appel : ce lundi 3 novembre, le mot d'ordre d'Issa Tchiroma "a été particulièrement suivi dans l'Extrême-Nord, le Nord, l'Adamaoua, l'Ouest et l'Est". Dans ces régions, les rues étaient largement désertées, les commerces fermés et les activités économiques quasi inexistantes.
Cette forte mobilisation dans le Septentrion ne surprend pas les analystes. C'est dans cette zone géographique qu'Issa Tchiroma, originaire de Garoua, a réalisé ses meilleurs scores lors de la présidentielle du 12 octobre. La solidarité régionale joue à plein, alimentée par un sentiment de frustration face à ce que beaucoup considèrent comme un "déni de victoire".



Mais dans les deux principales villes du pays, Yaoundé et Douala, le tableau est nettement différent. Jeune Afrique rapporte que dans la capitale politique, "les activités ont repris timidement", signe que le mot d'ordre n'a pas été massivement suivi.

À Douala, capitale économique, le magazine panafricain note que "quelques perturbations ont été observées dans la région du Littoral", mais "rien d'équivalent à ce qui a suivi, il y a toute juste une semaine, la proclamation de la victoire de Paul Biya par le Conseil constitutionnel".
Cette différence d'adhésion s'explique en partie par le dispositif sécuritaire déployé par les autorités. Comme le révèle Jeune Afrique, à Yaoundé notamment, "les autorités continuent leur tour de vis sécuritaire pour casser le mouvement de protestation".


Jeune Afrique apporte une précision importante concernant les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Si "les rues étaient aussi souvent vides dans les grandes localités" de ces zones, le magazine précise que cela ne peut "être directement lié à Issa Tchiroma Bakary puisque, dans ces deux régions anglophones, des opérations similaires sont organisées chaque lundi depuis bientôt huit ans".

Cette révélation est cruciale pour comprendre la cartographie de la mobilisation. Dans ces régions en proie à une crise séparatiste depuis 2017, les "ghost towns" (villes mortes) du lundi sont devenues une routine imposée par les groupes séparatistes. Il serait donc erroné d'attribuer à Tchiroma une mobilisation qui relève d'une autre dynamique contestataire.

Ces observations de Jeune Afrique confirment une fracture géographique profonde dans la réception du discours de Tchiroma. Le Septentrion, traditionellement négligé par le pouvoir central et économiquement marginalisé, semble avoir massivement embrassé la cause du candidat contestataire.


En revanche, dans les centres urbains du Sud, notamment Yaoundé et Douala où se concentrent l'essentiel des activités économiques et administratives du pays, la mobilisation reste limitée. La peur de la répression, mais aussi des considérations économiques - beaucoup de petits commerçants ne peuvent se permettre de fermer boutique - expliquent cette prudence.


Comme le souligne Jeune Afrique dans son enquête, cette première journée "villes mortes" s'inscrit dans un bras de fer qui ne semble pas près de s'achever. Alors que "la cérémonie d'investiture" de Paul Biya doit avoir lieu "jusqu'au 9 novembre", selon la loi électorale, Issa Tchiroma a annoncé d'autres opérations de protestation.


La question est désormais de savoir si le candidat contestataire parviendra à élargir sa base géographique de mobilisation ou si le mouvement restera confiné au Septentrion, limitant ainsi sa capacité à réellement déstabiliser le pouvoir.
Les prochaines journées "villes mortes" seront déterminantes pour mesurer la capacité de Tchiroma à transformer l'essai et à étendre son influence au-delà de son fief septentrional. Jeune Afrique continuera de suivre l'évolution de cette crise post-électorale dont l'issue demeure incertaine.