À la veille de la première journée d'opération "villes mortes" décrétée par Issa Tchiroma Bakary, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, René Emmanuel Sadi, a publié une déclaration officielle dans laquelle il condamne fermement les appels à l'insurrection et réaffirme la légitimité de la victoire de Paul Biya à l'élection présidentielle du 12 octobre.
Dans ce communiqué daté du 2 novembre, René Emmanuel Sadi dresse d'abord un tableau élogieux du processus électoral. "Jamais, sans doute, un scrutin présidentiel au Cameroun n'a connu un tel suspense", écrit-il, soulignant que "les Camerounais ont écouté, apprécié, évalué, soupesé et se sont prononcés, au bout du compte, en faveur du Président candidat Paul Biya".
Le porte-parole du gouvernement affirme que le dépouillement s'est déroulé "en toute liberté, en toute responsabilité et dans le calme", avant d'être validé par les différentes commissions électorales et, enfin, par le Conseil Constitutionnel.
René Emmanuel Sadi s'appuie sur les avis des observateurs nationaux et internationaux qui, selon lui, "ont relevé pour s'en féliciter, le bon déroulement de ce scrutin, exalté à la fois sa bonne organisation et la maturité politique du peuple camerounais".
Ces témoignages, poursuit-il, confortent l'idée que "les Camerounais ont fait valoir leur libre arbitre et procédé à un choix de raison, celui de l'expérience et de la sagesse, un choix qui garantisse la paix et la stabilité du Cameroun".
"Non pas le changement pour le changement"
Dans un passage qui vise directement les arguments de l'opposition, le ministre affirme que le vote en faveur de Paul Biya représente "non pas le changement pour le changement comme d'aucuns ont pu le souhaiter, mais un choix pour un changement dans la continuité".
Il souligne que le président réélu "a pris l'engagement de tenir le plus grand compte de leurs attentes, notamment celles des jeunes et des femmes".
Condamnation ferme des "villes mortes"
Le ton du communiqué se durcit considérablement lorsqu'il aborde les appels à la désobéissance civile. "Le gouvernement condamne sans réserve les appels à l'insurrection, aux villes mortes ou à la désobéissance civile, qui sont de nature à mettre en péril la vie de la nation, la paix sociale et le développement économique", martèle René Emmanuel Sadi.
Il dénonce les "effets néfastes des mots d'ordre lancés ces derniers jours, pour revendiquer à cor et à cri une victoire non établie", évoquant "des hordes de manifestants se ruant sur la place publique dans quelques unes de nos villes, commettant de graves sévices à l'encontre d'honnêtes citoyens, pillant des biens appartenant à des personnes physiques ou morales, incendiant des..." [le texte s'interrompt].
Le porte-parole du gouvernement exhorte les Camerounais "à prendre garde de souscrire à des mots d'ordre inopportuns, qui tentent de semer la panique, en créant toutes sortes d'artifices visant à instaurer un climat de désolation dans le pays".
Il assure que "tout est mis en œuvre pour rassurer les populations et leur permettre de vaquer normalement à leurs occupations", minimisant ainsi l'impact potentiel de l'opération "villes mortes".
Adoptant un ton résolument tourné vers l'avenir, René Emmanuel Sadi déclare que "l'élection présidentielle relève désormais du passé" et que "le grand enjeu qui doit dès à présent nous mobiliser, est celui de la mise en œuvre du nouveau programme du septennat que nous propose le Président Paul Biya".
Le ministre appelle à "œuvrer à éteindre ces conflits meurtriers pour privilégier ensemble le Cameroun, par-delà les ethnocentrismes, les égocentrismes et les ambitions personnelles", ajoutant que "si nos ambitions peuvent être légitimes, l'intérêt de la Nation doit primer ces ambitions".
Si le communiqué se termine sur une note qui se veut apaisante, appelant à l'unité nationale et au dépassement des clivages, il n'en reste pas moins ferme sur l'essentiel : la victoire de Paul Biya est incontestable, et toute tentative de déstabilisation sera combattue.
Cette déclaration du porte-parole du gouvernement intervient dans un contexte de tensions extrêmes, à quelques heures seulement de la première journée "villes mortes" décrétée par Issa Tchiroma. Un test grandeur nature qui permettra de mesurer la capacité de mobilisation du camp contestataire face à la détermination affichée par le pouvoir.









