Le parcours judiciaire de Parfait Mbvoum, Premier Vice-Président du Front Camerounais pour le Changement (FCC) de Ndam Njoya et proche d'Issa Tchiroma Bakary, illustre la répression qui s'abat sur l'entourage du candidat contestataire. Retour sur une semaine d'arrestation, de perquisitions et d'auditions qui s'achève ce lundi devant le Commissaire du Gouvernement.
Tout commence le vendredi 24 octobre à 13 heures. Au carrefour de Nkolda, dans la capitale camerounaise, Parfait Mbvoum est interpellé en compagnie d'un certain M. Ntonga. Selon les témoignages recueillis, l'opération aurait été menée de manière "violente" par un dispositif impressionnant : la Légion d'intervention de la gendarmerie, la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE) et la police nationale.
À 19h30 le même jour, une garde à vue est officiellement signée par le colonel Nguele de la Légion. Parfait Mbvoum entame alors un séjour dans les geôles des forces de l'ordre.
Trois jours plus tard, l'affaire prend une tournure plus sérieuse. Soupçonné, selon des sources sécuritaires, d'être pressenti comme "futur ministre de la Défense ou de la Santé de Tchiroma", Parfait Mbvoum voit son domicile perquisitionné par pas moins de 25 éléments composés de gendarmes, policiers et militaires.
L'objectif affiché : rechercher des armes. Mais au terme de cette opération musclée effectuée en présence de sa famille "médusée", seuls "les documents officiels de sa thèse et son cachet professionnel" sont saisis. Aucune arme n'est découverte.
Le samedi 1er novembre, Parfait Mbvoum est entendu pour la première fois en présence de ses avocats, Maîtres Simh et Assira. Les détails de cette audition n'ont pas été rendus publics, mais elle marque une étape importante dans le traitement judiciaire de ce dossier.
Ce lundi 3 novembre, soit le jour même de la première opération "villes mortes" décrétée par Issa Tchiroma, Parfait Mbvoum doit être présenté au Commissaire du Gouvernement près le Tribunal militaire. Cette présentation pourrait déboucher sur son inculpation et son placement sous mandat de dépôt ou, à l'inverse, sur sa libération.
L'arrestation de Parfait Mbvoum s'inscrit dans une vague de répression visant l'entourage d'Issa Tchiroma Bakary. Dans sa récente lettre ouverte, le candidat contestataire dénonçait justement ces rafles : "Ses milices ont enlevé des centaines de nos partisans, de nos militants, des membres de vos familles et de la mienne. Ils ont emprisonné mes compagnons de route qui refusaient de reconnaître leur imposture."
La qualification de Mbvoum comme "futur ministre" dans un éventuel gouvernement Tchiroma témoigne de la proximité entre les deux hommes et explique sans doute l'intérêt des services de renseignement à son égard.
Sur les réseaux sociaux, des proches du détenu appellent à la solidarité. "Soutenons le combattant Parfait Mbvoum, qui est l'une des victimes du système avec une bouteille d'eau, des fruits, et même quelques liquidités pour son combat juste", peut-on lire dans un message largement partagé.
Cette affaire illustre la tension extrême qui règne au Cameroun depuis la proclamation des résultats de la présidentielle du 12 octobre. Entre répression des contestataires et appels à la désobéissance civile, le pays semble s'enfoncer chaque jour un peu plus dans la crise.
L'issue de la présentation de Parfait Mbvoum devant le Commissaire du Gouvernement ce lundi sera donc scrutée de près, tant par le camp Tchiroma que par les observateurs de la situation des droits de l'homme au Cameroun.









