Invité de l'émission "Canal Presse" sur Canal 2, l'analyste politique Célestin Djamen a vivement critiqué la stratégie d'Issa Tchiroma Bakary dans la contestation des résultats de l'élection présidentielle du 12 octobre. Pour lui, le candidat malheureux manque de crédibilité en refusant de saisir la justice constitutionnelle.
Célestin Djamen n'a pas mâché ses mots en évoquant la méthode utilisée par le camp Tchiroma pour contester les résultats. "On a vu un représentant de M. Tchiroma qui a fui parce qu'il n'avait pas les PVs, se contentant des captures d'écran de M. Bertolt, de M. N'zui Manto", a-t-il déclaré, faisant référence aux publications sur les réseaux sociaux de certains soutiens du candidat.
L'analyste estime que cette approche décrédibilise la démarche : "C'est regrettable. Je pense que l'élection présidentielle c'est beaucoup plus sérieux que ça."
Pour étayer son propos, Célestin Djamen a tenu à rappeler les mécanismes institutionnels en place. "La victoire est constatée par les PVs. Je rappelle que dans les commissions communales, locales, départementales, nationale, il y a des représentants des partis", a-t-il souligné, insistant sur le fait que chaque candidat dispose de relais dans les structures électorales à tous les niveaux.
Selon lui, si Tchiroma disposait réellement de preuves d'irrégularités, il aurait dû emprunter la voie légale.
C'est sans doute la comparaison la plus cinglante de l'intervention de Djamen. "M. Tchiroma qui prétend avoir les PVs, pourquoi n'est-il pas allé au Conseil Constitutionnel les présenter ?", s'est-il interrogé, avant d'établir un parallèle avec l'élection de 2018.
"Je crois que Kamto dans l'affaire était encore beaucoup mieux parce qu'en vérité il est allé au Conseil Constitutionnel. Il a fait un recours, donc en même temps il crédibilisait le Conseil Constitutionnel", a-t-il analysé.
En choisissant de ne pas saisir le Conseil Constitutionnel, Issa Tchiroma Bakary a opté pour une stratégie de contestation frontale, privilégiant les appels à la mobilisation populaire et les villes mortes. Une posture que Célestin Djamen juge contre-productive.
Cette critique intervient alors que le candidat malheureux multiplie les déclarations incendiaires, se proclamant "président élu" et appelant à la désobéissance civile. Dans sa récente lettre ouverte, Tchiroma a d'ailleurs dénoncé un "braquage électoral" et un "coup d'État constitutionnel", refusant toute légitimité au Conseil Constitutionnel.
Pour Djamen, ce refus de passer par les institutions affaiblit la crédibilité de la contestation. Reste à savoir si cette analyse sera partagée par les millions de Camerounais qui, selon Tchiroma, lui auraient confié "la mission de représenter ce changement".









