Dans une déclaration solennelle publiée ce samedi, Mgr Samuel Kleda, Archevêque de Douala, a exprimé sa profonde préoccupation face à la situation post-électorale qui secoue le Cameroun depuis la proclamation des résultats de l'élection présidentielle du 12 octobre dernier.
Selon le prélat, de nombreux Camerounais qui aspiraient à un changement ont vécu une profonde déception après l'annonce des résultats. Cette frustration a donné naissance à des manifestations pacifiques qui, malheureusement, ont dégénéré en actes de vandalisme, pillages et violences dans plusieurs villes du pays, notamment à Douala, Garoua, Maroua, Bertoua et Dschang.
L'Archevêque a dénoncé les dérives qui ont marqué cette période trouble : destruction d'édifices publics et d'établissements commerciaux, violences verbales et physiques, intimidations, arrestations et même des assassinats. "Ce qui est déplorable et condamnable", a-t-il déclaré, appelant à la fin immédiate de ces violences.
Mgr Kleda a également rappelé qu'une élection ne doit pas servir à éliminer des concitoyens et qu'aucun gouvernement ne peut légitimement gouverner par les armes. Il a exhorté les autorités à être "des pasteurs du troupeau de Dieu" plutôt que des oppresseurs.
Dans sa tribune, l'homme d'Église a dressé un tableau sombre de la situation camerounaise : un taux de chômage de 74%, une pauvreté touchant 37,7% de la population, plus de 6 millions de citoyens sur les routes de l'exil, un déficit énergétique chronique, et une mauvaise gouvernance généralisée.
"Le peuple est inquiet de cette situation qui perdure", a-t-il souligné, évoquant les familles qui descendent dans la rue pour crier leur désespoir.
Pour sortir de cette crise, Mgr Samuel Kleda mise sur "une prise de conscience collective des différentes crises qui minent le pays" et sur "la ferme volonté d'apporter des solutions appropriées". Il a invoqué la protection de l'Esprit Saint et de la Vierge Marie pour le peuple camerounais.
Cette déclaration courageuse du plus haut dignitaire catholique de la capitale économique camerounaise intervient dans un contexte de tensions exacerbées, où la voix de l'Église est attendue comme un facteur d'apaisement et de médiation.









