L'ex-star du Bayern Munich, adversaire du Cameroun au Mondial 1998, se porte candidat pour succéder à Marc Brys dont l'avenir reste incertain



Dans un contexte politique tendu au Cameroun après la présidentielle controversée, le football pourrait connaître lui aussi son lot de changements. Andreas Herzog, ancien international autrichien aux 106 sélections et légende du Bayern Munich, a fait savoir à la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) qu'il souhaitait mettre ses services à disposition pour entraîner les Lions Indomptables, a appris notre rédaction d'une source proche de la fédération.
Cette candidature intervient alors que l'avenir de Marc Brys à la tête de l'équipe nationale reste entouré d'incertitudes, ouvrant la voie à d'éventuels changements sur le banc camerounais.


À 56 ans, Andreas Herzog peut se targuer d'un parcours exceptionnel, tant comme joueur que comme entraîneur. Titulaire d'une licence UEFA Pro et d'une formation d'entraîneur certifiée par la Fédération autrichienne de football, il possède les qualifications académiques nécessaires pour diriger une équipe nationale de haut niveau.

Mais c'est surtout son expérience internationale qui impressionne. L'actuel consultant de Sky Sports Autriche a suivi des stages de perfectionnement tactique en Allemagne, aux États-Unis et en Israël, lui permettant d'acquérir une vision moderne du jeu et une compréhension des différentes philosophies footballistiques.


Le parcours d'entraîneur d'Andreas Herzog est marqué par des postes prestigieux qui témoignent de sa capacité à évoluer au plus haut niveau. Il a notamment été entraîneur adjoint de la Corée du Sud et des États-Unis aux côtés de Jürgen Klinsmann, figure emblématique du football mondial et son mentor.
Herzog a également dirigé l'équipe olympique des États-Unis et celle d'Israël en tant qu'entraîneur principal, démontrant sa capacité à gérer des équipes nationales avec leurs exigences spécifiques. Son expérience en club avec l'Admira Wacker, formation autrichienne, complète un CV déjà bien garni.


En tant que footballeur, Andreas Herzog a brillé dans les championnats les plus relevés. Avec plus de 400 matchs de Bundesliga à son actif, il a porté les couleurs de clubs prestigieux tels que le Bayern Munich et le Werder Brême, deux institutions du football allemand.

Sous le maillot de la sélection autrichienne, Herzog a accumulé 106 sélections, un chiffre qui témoigne de sa longévité et de sa constance au plus haut niveau. Il a participé aux Coupes du Monde 1990 et 1998, cette dernière ayant une signification particulière dans le contexte camerounais : c'est lors de ce mondial en France qu'il avait affronté les Lions Indomptables.
Cette confrontation de 1998 lui a permis de découvrir le football camerounais et son potentiel, une expérience qui nourrit aujourd'hui son désir de diriger cette équipe.


Interrogé sur ses motivations, le technicien autrichien ne cache pas son enthousiasme : il est convaincu que le Cameroun représente "une grande puissance footballistique avec un potentiel exceptionnel et une génération prometteuse".
Son objectif est clairement défini : "Renforcer la cohésion, la rigueur tactique et l'efficacité offensive des Lions Indomptables, afin de viser des performances de haut niveau sur la scène continentale", notamment en remportant la prochaine Coupe d'Afrique des Nations.

Cette ambition continentale s'inscrit dans la tradition du football camerounais, quintuple champion d'Afrique, mais en difficulté ces dernières années sur la scène internationale.

Joint au téléphone par notre rédaction, Rostand Tchoukouegno, agent de joueurs, confirme que "Herzog a le profil de la compétence pour ce poste". Une validation qui pèse dans le milieu du football africain, où les agents sont souvent bien informés des attentes des fédérations et des profils recherchés.
L'expérience d'Herzog auprès de Jürgen Klinsmann, coach réputé pour sa capacité à moderniser les structures et à insuffler une mentalité gagnante, pourrait être un atout majeur. Klinsmann avait réussi à transformer l'Allemagne et à poser les bases de sa victoire en Coupe du Monde 2014, un modèle qui pourrait inspirer Herzog dans son approche du football camerounais.


La candidature d'Herzog intervient dans un contexte particulier pour le football camerounais. Marc Brys, nommé en avril 2024 dans des conditions rocambolesques – avec notamment une séance de travail houleuse diffusée en direct où il avait été humilié par Samuel Eto'o, président de la FECAFOOT –, n'a jamais vraiment trouvé sa place.

Les résultats mitigés des Lions Indomptables et les tensions persistantes entre le sélectionneur belge et l'administration fédérale alimentent les spéculations sur son départ. L'avenir de Brys reste incertain, ouvrant potentiellement la voie à un successeur.



Quel que soit l'entraîneur qui dirigera les Lions Indomptables, il devra faire face à plusieurs défis majeurs :
La gestion des stars : Avec des joueurs évoluant dans les plus grands championnats européens (André Onana à Manchester United, Bryan Mbeumo à Brentford, etc.), le sélectionneur doit savoir gérer des égos et créer une cohésion.

La pression des résultats : Le Cameroun n'a plus gagné la CAN depuis 2017 et les attentes du public sont immenses.

Les relations avec la fédération : L'expérience tumultueuse de Marc Brys montre que les rapports avec Samuel Eto'o et la FECAFOOT peuvent être compliqués.
Le contexte politique : Dans un pays secoué par la crise post-électorale, le football peut servir d'exutoire ou, au contraire, cristalliser les tensions.


Andreas Herzog estime avoir les qualités nécessaires pour relever ces défis. Son expérience internationale, sa connaissance de différentes cultures footballistiques (européenne, asiatique, américaine, moyen-orientale) et sa formation tactique approfondie constituent des atouts indéniables.
Sa confrontation avec le Cameroun en 1998 lui a laissé une impression durable du potentiel de cette nation footballistique. Vingt-sept ans plus tard, il souhaite contribuer à faire briller à nouveau les Lions Indomptables sur la scène africaine et mondiale.


La question reste entière : la FECAFOOT sera-t-elle convaincue par le profil d'Andreas Herzog ? Plusieurs facteurs entreront en ligne de compte :
Le facteur Eto'o : Le président de la fédération, figure incontournable et parfois controversée, aura le dernier mot. Sa relation avec Herzog, qu'il n'a jamais côtoyé, devra se construire.


Les ambitions tactiques : La vision du jeu d'Herzog, imprégnée de l'école allemande et de l'expérience américaine, correspond-elle à l'identité footballistique que la FECAFOOT souhaite pour les Lions ?
La dimension politique : Dans le contexte actuel du Cameroun, le choix d'un sélectionneur étranger européen peut avoir des implications qui dépassent le cadre sportif.

Le timing : Avec la prochaine CAN en ligne de mire, la fédération voudra-t-elle prendre le risque d'un changement d'entraîneur, ou préférera-t-elle la continuité avec Marc Brys ?


La candidature d'Herzog, si elle aboutissait, marquerait l'ouverture du football camerounais à des profils moins conventionnels. Après des sélectionneurs français (Philippe Troussier, Bruno Metsu), allemands (Winfried Schäfer, Volker Finke), portugais (Antonio Conceição) et belges (Hugo Broos, Marc Brys), un Autrichien apporterait une touche différente.
L'expérience d'Herzog avec des équipes nationales non-européennes (Corée du Sud, États-Unis, Israël) pourrait être un atout pour comprendre les spécificités du football africain et adapter son approche en conséquence.


Andreas Herzog coche de nombreuses cases pour le poste de sélectionneur du Cameroun : expérience internationale, formation de haut niveau, connaissance du football africain (même indirecte), et surtout, une motivation sincère pour diriger les Lions Indomptables.


Reste à savoir si la FECAFOOT partagera cet enthousiasme et offrira à l'ancien international autrichien l'opportunité de réaliser son rêve. Dans un pays où le football est une passion nationale et un rare facteur d'unité, le choix du sélectionneur ne sera pas qu'une décision sportive, mais aussi un acte politique et symbolique.

Pour l'instant, Andreas Herzog attend. Et avec lui, tout le football camerounais, suspendu entre l'incertitude politique du pays et l'espoir de voir les Lions Indomptables rugir à nouveau sur la scène continentale.