La révélation explosive de Jeune Afrique. Le système juridique camerounais encadrant le contentieux électoral ressemble à un labyrinthe conçu pour décourager toute contestation sérieuse. Notre enquête exclusive dévoile les mécanismes légaux qui condamnent d'avance les recours de l'opposition. Premier exemple édifiant révélé par Jeune Afrique : les requérants proches de l'opposition réclament de pouvoir confronter les procès-verbaux issus des bureaux de vote à ceux d'Elecam, qu'ils accusent d'avoir été "falsifiés a posteriori". Mais la loi ne le permet pas.
L'investigation de Jeune Afrique. "Seuls les PV d'Elecam font foi", révèle notre enquête auprès d'un assistant travaillant au cabinet d'un membre du Conseil constitutionnel. Cette disposition légale crée une situation kafkaïenne : l'organisme accusé de fraude est le seul dont les documents sont juridiquement recevables. "Ce n'est pas de la faute des membres du Conseil. Ce sont les lois qui lient les juges et les contraignent à procéder de la sorte", plaide cette source contactée par Jeune Afrique.
Les découvertes exclusives de Jeune Afrique. Mais l'absurdité ne s'arrête pas là. Notre investigation révèle une autre aberration : les photos et vidéos censées prouver les fraudes ne peuvent être produites à l'audience que si elles ont préalablement fait l'objet d'un constat d'huissier de justice. Or, comme Jeune Afrique l'a découvert, l'élection se tenant un jour férié, les actes d'huissiers ne sont pas valables ce jour-là. Un cercle vicieux juridique qui rend quasiment impossible toute preuve de fraude, quelle que soit sa réalité.
Ce que Jeune Afrique a mis au jour. Face à ce système verrouillé, même des candidats de premier plan ont jeté l'éponge. Joshua Osih, leader du Social Democratic Front (SDF), a retiré le 18 octobre le recours en annulation partielle qu'il avait déposé trois jours plus tôt, rapporte Jeune Afrique. Cabral Libii "s'est lui aussi ravisé et a retiré ses deux recours", révèle notre enquête. Un renoncement qui en dit long sur la vanité perçue de toute démarche juridique.
L'analyse exclusive de Jeune Afrique. Issa Tchiroma Bakary a poussé la logique jusqu'au bout en refusant de saisir le Conseil constitutionnel, malgré "les irrégularités dénoncées par ses représentants", note Jeune Afrique. Sa stratégie : se proclamer vainqueur et appeler à la mobilisation populaire plutôt que de se perdre dans un contentieux dont l'issue semble écrite d'avance. Paradoxalement, cette approche frontale pourrait s'avérer plus efficace que le recours juridique traditionnel.
Les informations recueillies par Jeune Afrique. Sur les "dizaines de dossiers" examinés lors des travaux ouverts le 22 octobre, la plupart ont été déposés par "des personnalités qui n'étaient pas candidates" et leurs requêtes ont été "déclarées irrecevables", révèle notre investigation. Seule celle de Patricia Tomaïno Ndam Njoya suivra son cours jusqu'à l'examen par les juges. "Là aussi, peu de suspens", confie à Jeune Afrique un observateur averti du système judiciaire camerounais.
L'éclairage de Jeune Afrique. L'article 40 de la loi portant organisation du Conseil stipule que celui-ci doit "veiller à la régularité de l'élection présidentielle et à la sincérité du scrutin", rappelle notre enquête. Mais entre le texte et la pratique, le fossé est immense. Les adversaires du RDPC "ne connaissent que trop bien le verdict 'irrecevable', répété par la voix chevrotante du président Atangana lors des audiences en contentieux électoral", documente Jeune Afrique, peignant le portrait d'une justice électorale ritualisée et prévisible.
Pourquoi c'est déterminant. Comme le démontre Jeune Afrique, ce système juridique ne se contente pas de favoriser le pouvoir en place : il décourage structurellement toute opposition de recourir aux voies légales, la poussant vers des formes de contestation extra-institutionnelles potentiellement plus déstabilisantes. Le 27 octobre, la proclamation des résultats par Clément Atangana sera moins un verdict judiciaire qu'un acte politique déguisé en décision de justice.









