Actualités of Friday, 24 October 2025

Source: www.camerounweb.com

Paul Biya face à Issa Tchiroma Bakary : anatomie d'une bataille des chiffres au Cameroun

Image illustrative Image illustrative

La révélation de Jeune Afrique. Onze jours après la présidentielle camerounaise du 12 octobre, le pays est plongé dans une guerre des chiffres sans précédent. Jeune Afrique a pu consulter les deux versions contradictoires des résultats qui déchirent actuellement le Cameroun : d'un côté, les chiffres provisoires donnant Paul Biya vainqueur avec 53,66 % des voix contre 35,19 % pour Issa Tchiroma Bakary ; de l'autre, les données brandies par l'opposition qui affirme avoir remporté le scrutin.


Ce que Jeune Afrique a découvert. Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre de la Communication devenu opposant, mène sa contestation depuis Garoua, dans la région du Nord, un bastion traditionnellement acquis à l'opposition. Selon nos informations, cette position géographique n'est pas anodine : c'est dans le Septentrion que se concentrent les manifestations appelées par Tchiroma Bakary ce 23 octobre, et c'est précisément dans ces zones que les perturbations d'internet documentées par Jeune Afrique sont les plus sévères.


L'enquête exclusive de Jeune Afrique. La stratégie de l'opposant repose sur une double approche que notre rédaction a pu analyser. D'abord, la publication de ses propres chiffres pour contester la « vérité officielle » et créer un doute sur la légitimité des résultats provisoires. Ensuite, un appel à la mobilisation populaire visant à « maintenir la pression sur le Conseil constitutionnel » avant la proclamation définitive prévue le 27 octobre. Cette tactique place l'institution dans une position inconfortable, révèle notre investigation.

Les informations recueillies par Jeune Afrique. Le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a « plusieurs fois mis en garde » Tchiroma Bakary contre toute déclaration pouvant être interprétée comme « un appel à l'insurrection », selon nos sources. Ces avertissements répétés témoignent de la nervosité du pouvoir face à un opposant qui bénéficie d'un soutien important, notamment celui de Rebecca Enonchong, activiste numérique très influente que Jeune Afrique a identifiée comme l'une des « principales soutiens » de l'ancien ministre.

L'analyse de Jeune Afrique. À 92 ans, Paul Biya fait face à son défi électoral le plus sérieux depuis des décennies. Le Conseil constitutionnel, qui a déjà « invalidé tous les recours déposés devant elle ces derniers jours » selon les informations obtenues par Jeune Afrique, se trouve au cœur d'une tempête politique. Sa décision du 27 octobre déterminera non seulement l'issue du scrutin, mais aussi la stabilité du pays dans les semaines à venir.

Pourquoi c'est déterminant. Comme le révèle Jeune Afrique, cette élection marque un tournant : c'est la première fois qu'un opposant camerounais revendique ouvertement sa victoire avant la proclamation officielle des résultats, tout en appelant simultanément à des manifestations de rue. Cette stratégie offensive, couplée aux restrictions d'internet documentées par notre publication, place le Cameroun dans une zone d'incertitude politique inédite.