Une autoproclamation sans recours devant le Conseil constitutionnel. C'est le pari risqué d'Issa Tchiroma Bakary, qui préfère incarner un leader victorieux plutôt que de se soumettre à une juridiction qu'il juge partisane. Selon les révélations exclusives de Jeune Afrique auprès de ses proches, cette stratégie repose sur un calcul politique plus subtil qu'il n'y paraît.
Selon nos sources au sein de l'équipe de campagne du FSNC, Tchiroma Bakary s'appuie sur une compilation de procès-verbaux dont il contrôle l'interprétation. En refusant de déposer recours, il échappe à un examen judiciaire qui pourrait le fragiliser, mais surtout, il conserve le monopole du narratif de victoire. « C'est une victoire de communication », confient à Jeune Afrique des analystes politiques à Yaoundé.
Cette approche révèle une mutation dans la stratégie de l'opposition camerounaise : moins contester judiciairement, plus construire une légitimité parallèle. Les alliés du MRC au sein de son équipe, selon nos investigations, ont pesé de tout leur poids pour convaincre Tchiroma Bakary que la juridiction du Conseil constitutionnel était un piège.
Jeune Afrique a appris que cette décision crée un vide institutionnel inédit au Cameroun : un candidat qui revendique la victoire sans jamais la faire valider judiciairement. C'est une forme d'insubordination politique raffinée, qui place le Conseil constitutionnel dans une position délicate. Si ce dernier proclame Paul Biya vainqueur, il entérinera symboliquement la victoire d'un homme qui refuse sa propre légitimité.
L'ancien ministre a choisi de gouverner l'opinion plutôt que le droit. Mais selon nos informations, cette stratégie court le risque de transformer Tchiroma Bakary en leader contesté plutôt qu'en président reconnu.