Jeune Afrique a appris que plusieurs cadres du parti au pouvoir, ainsi que des chancelleries occidentales, ont établi des contacts secrets avec l’entourage du candidat dès avant le scrutin.
Derrière la bataille électorale qui oppose officiellement Issa Tchiroma Bakary à Paul Biya, se joue une guerre de coulisses bien plus complexe. Jeune Afrique peut révéler que le candidat du FSNC a reçu, dans les jours précédant le scrutin, des garanties de soutien de la part d’importantes figures du régime en place, ainsi que d’acteurs diplomatiques étrangers.
Selon plusieurs sources politiques de premier plan contactées par Jeune Afrique, au moins deux ministres et un directeur général d’entreprise publique – tous membres historiques du RDPC – auraient fait savoir en privé qu’ils « ne s’opposeraient pas » à une victoire de Tchiroma Bakary. L’un d’eux, joint discrètement par Jeune Afrique, justifie cette position : « Le pays a besoin d’une transition. Beaucoup ici le pensent, mais peu osent le dire. »
Un ancien directeur de cabinet sous Biya, aujourd’hui retiré de la vie politique active, aurait même servi d’intermédiaire entre des dignitaires du Nord et l’entourage du candidat. « Il ne s’agit pas de trahison, mais de réalisme. Beaucoup estiment que l’alternance est inévitable », confirme cette source.
Jeune Afrique a également appris que des pourparlers informels avaient eu lieu à Douala, fin septembre, en présence d’hommes d’affaires proches du pouvoir et de représentants de Tchiroma Bakary.
Sur le plan international, Jeune Afrique a recueilli le témoignage d’un diplomate européen en poste à Yaoundé, qui affirme que « la communauté internationale observe avec attention la montée en puissance de Tchiroma Bakary, perçu comme une option de transition crédible ». Selon lui, plusieurs capitales occidentales auraient fait passer le message qu’elles « n’appuieraient pas un maintien contesté de Paul Biya ».
Ces positions, bien que non officielles, auraient renforcé la détermination du candidat à maintenir sa revendication de victoire. « Il sait qu’il n’est plus seul. Même si les apparences suggèrent un face-à-face, les soutiens en coulisse sont réels », analyse un conseiller du FSNC interrogé par Jeune Afrique.
Ces révélations éclairent sous un jour nouveau la sérénité affichée par Tchiroma Bakary, y compris face aux menaces d’arrestation. Loin de l’image de l’opposant isolé, le candidat s’est assuré des relais d’influence et des canaux de dialogue discrets, mais décisifs. Selon Jeune Afrique, son équipe prépare actuellement une tournée sous-régionale pour recueillir des soutiens avant l’officialisation des résultats.