Actualités of Tuesday, 14 October 2025

Source: www.camerounweb.com

Prison: Atanga Nji bientôt devant la CPI après le déploiement militaire à Garoua

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La militarisation de Garoua depuis le week-end suscite une vive indignation dans les rangs de l'opposition. Des voix s'élèvent pour réclamer la traduction du ministre de l'Administration territoriale Paul Atanga Nji devant la Cour pénale internationale, l'accusant de préparer un "massacre" dans le fief d'Issa Tchiroma Bakary.


La tension monte d'un cran à Garoua. Depuis le week-end et les premiers affrontements entre partisans d'Issa Tchiroma Bakary et forces de l'ordre, la capitale de la région du Nord connaît un déploiement militaire massif qui inquiète l'opposition et la société civile.



Selon plusieurs témoignages concordants, des convois militaires ont été déployés vers Garoua ces derniers jours, dans des proportions jugées exceptionnelles par les observateurs locaux. Cette militarisation intervient alors qu'Issa Tchiroma Bakary demeure sous surveillance dans sa résidence et que ses partisans maintiennent une mobilisation permanente dans les rues.

Pour l'opposition, ce déploiement de force constitue une menace directe contre les populations qui soutiennent le candidat qu'elles estiment vainqueur de l'élection présidentielle. Des voix s'élèvent pour dénoncer ce qu'elles considèrent comme une préparation à la répression violente de la contestation.


Le ministre de l'Administration territoriale Paul Atanga Nji, déjà critiqué pour ses menaces proférées dimanche contre l'opposition, est désormais directement visé par des accusations d'une gravité extrême. Des militants et sympathisants de Tchiroma Bakary réclament sa traduction devant la Cour pénale internationale (CPI) pour ce qu'ils qualifient de préparation à un "massacre des Camerounais".
"Atanga Nji sera traduit à la Cour pénale internationale pour massacre des Camerounais", lit-on dans des messages qui circulent massivement sur les réseaux sociaux, reflétant la colère d'une partie de la population face à la militarisation de Garoua.


L'opposition établit un parallèle accusateur avec la gestion de l'insurrection de Boko Haram dans l'Extrême-Nord. "Depuis plus de 10 ans que Boko Haram terrorise les populations du Nord, ce quidam n'a jamais ordonné aux militaires d'y aller en convoi", dénonce-t-on dans les rangs de l'opposition, suggérant que le pouvoir déploie plus de moyens pour réprimer la contestation politique que pour combattre le terrorisme.


Cette comparaison, aussi polémique soit-elle, illustre le sentiment d'injustice et de colère qui anime les partisans de Tchiroma Bakary. Pour eux, le contraste entre l'inaction présumée face à Boko Haram et la réaction musclée face à la contestation démocratique révèle les priorités réelles du régime.


Dans un langage de plus en plus radical, l'opposition affirme sa détermination : "Le peuple a choisi Issa Tchiroma et faites tout ce que vous voulez, il sera investi 3ème président du Cameroun conformément au choix du peuple."
Cette déclaration sans ambiguïté marque une escalade verbale significative. L'opposition ne se contente plus de revendiquer la victoire de son candidat, elle annonce son investiture future comme un fait accompli, quelles que soient les décisions des instances officielles.

La colère s'exprime également sur le thème des priorités gouvernementales. "Lorsqu'on vous attend dans la construction des routes vous n'y êtes pas. Mais dès qu'il s'agit du vol des élections et de l'argent des Camerounais vous êtes prompts à tuer le peuple", dénonce-t-on dans les rangs de la contestation.
Cette rhétorique, qui oppose développement et répression, vise à délégitimer l'action gouvernementale en la présentant comme exclusivement préoccupée par le maintien du pouvoir au détriment du bien-être des populations.
"Le peuple vous a vomis"

Le ton employé par certains porte-voix de l'opposition atteint des sommets de virulence. "Le peuple vous a vomis et vous allez le respecter désormais", peut-on lire, traduisant un rejet viscéral du pouvoir en place et de ses représentants.
Cette radicalisation du discours reflète la frustration accumulée après plusieurs jours d'attente sans résultats officiels, mais aussi la conviction, chez les partisans de Tchiroma Bakary, d'avoir remporté une victoire nette que le pouvoir tenterait de leur confisquer.

"Toucher à Issa Tchiroma c'est toucher au peuple. Ce peuple ne vous laissera pas. Ça jamais", avertit l'opposition dans un message qui ressemble à une mise en garde solennelle au pouvoir.

Cette formulation suggère que toute action contre le candidat de l'opposition pourrait déclencher une réaction populaire d'une ampleur difficilement contrôlable. Elle témoigne également de la symbiose revendiquée entre Tchiroma Bakary et ses partisans, présenté comme l'incarnation de la volonté populaire.

La militarisation de Garoua, combinée à la radicalisation des discours de part et d'autre, place le Cameroun dans une situation potentiellement explosive. D'un côté, un pouvoir qui déploie la force pour maintenir l'ordre et intimider l'opposition. De l'autre, une contestation déterminée qui n'hésite plus à brandir la menace de la justice internationale et à promettre une mobilisation sans faille.

Les menaces de traduction devant la CPI, aussi peu crédibles juridiquement soient-elles à ce stade, révèlent néanmoins la profondeur du fossé qui sépare désormais le régime d'une partie significative de sa population. Elles témoignent également de l'internationalisation du conflit, l'opposition cherchant à mobiliser la communauté internationale contre ce qu'elle présente comme une dérive autoritaire.

Le spectre d'un "massacre" évoqué par l'opposition, même s'il relève pour l'instant de la rhétorique politique, rappelle les précédents tragiques qu'a connus le Cameroun, notamment dans les régions anglophones où la répression de la contestation a fait des centaines de morts depuis 2016.