Le Cameroun, de concert avec la communauté internationale, a célébré dimanche 5 octobre 2025, la journée mondiale de l’enseignant, 31ème édition, sous le thème : « Repenser l’enseignement comme une profession collaborative ». Étant entendu que cette manifestation avait été fêtée pour la première fois en 1994. L’événement de cette année vise à mettre en lumière le rôle essentiel des enseignants dans les systèmes éducatifs, tout en soulignant le potentiel transformateur de la collaboration, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des salles de classe.
Au Cameroun, c’est davantage l’occasion, pour les professionnels de la craie, de réfléchir profondément, par le biais de tables rondes, colloques, séminaires, des journées portes ouvertes avec exposition de matériel didactique ou ateliers, sur leurs conditions de travail jamais aisées, question de formuler des propositions aux décideurs en vue d’une prise de décisions allant dans le sens de l’amélioration du profil de carrière.
Le système éducatif national est en effet gangrené par des revendications tous azimuts. Les instituteurs officiants à la maternelle, leurs collègues de l’école primaire, ainsi que les professeurs du secondaire et du supérieur, dénoncent un traitement au rabais, comparativement à certains corps de métiers, à l’instar de la magistrature, les régies financières (Impôts et douanes), ou encore les hommes en tenues, à l’instar de la police, la gendarmerie ou l’armée…
Revendications
Les enseignants camerounais, via des mouvements comme le Collectif des organisations de l'éducation au Cameroun (Corec), réclament principalement la tenue du Forum national de l'Éducation (FNE) ; une sorte d’états généraux pour repenser l'école et l'éducation au Cameroun. Ce dossier, piloté par le ministre de l’Enseignement supérieur (Minesup), Jacques Fame Ndongo, reste encore flou.
Aucune date n’a été arrêtée à ce jour, et les syndicalistes craignent que l’élection présidentielle prévue cette année ne renvoie ce rendez-vous à l’année prochaine. Un scénario qui pourrait encourager les enseignants à débrayer. Autre point d’achoppement : l'adoption d'un statut particulier avec une revalorisation salariale. La revalorisation inclut également le paiement des rappels de salaire et des dettes accumulées, qui représentent une somme considérable.
Face à l'échec des négociations et au non-respect des engagements, les enseignants, estimant que leurs conditions de travail et de vie se dégradent, et que le gouvernement traîne les pieds sur ces dossiers, ont mené des grèves et des actions en avril dernier, quelques semaines avant les examens officiels de fin d’année et récemment au mois de septembre, veille de la rentrée scolaire 2025-2026.
Samory Touré Tenkeng, secrétaire à la communication du Syndicat des enseignants du Cameroun pour l’Afrique (Seca), parle de « ping-pong que le gouvernement organise ». Et le syndicaliste de poursuivre : « Ils sont juste en train de distraire les enseignants ». Après une première concertation le 27 mars dernier, les syndicats en colère se sont réunis le 18 avril à Yaoundé, pour une évaluation des actions engagées par les pouvoirs publics.
Il y avait tout d’abord eu une rencontre, le 14 avril, avec le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra), Joseph Lé. Une nouvelle réunion était organisée le 15 avril avec le ministre du Travail et de la Sécurité sociale (Mintss), Grégoire Owona. Objectif de cette rencontre : préparer la convention collective de l’enseignement privé.