Cela fait déjà plus d’une semaine que la campagne électorale bat son plein au Cameroun, en prélude à l’élection présidentielle du 12 octobre prochain. Durant ces premiers jours, les candidats, leurs états-majors et leurs partis politiques respectifs ont multiplié meetings, caravanes, débats médiatiques et actions de proximité dans les différentes régions du pays.
Dans les grandes villes comme Yaoundé, Douala et Bafoussam, les rassemblements se sont succédé, chacun cherchant à marquer les esprits par des discours forts et des promesses ambitieuses. Sur le terrain, l’atmosphère est restée globalement calme, mal- gré quelques cas de colère enregistrés dans quelques localités, sans oublier les échanges sur les réseaux sociaux qui s’intensifient, signe d’un véritable enjeu de communication dans cette course au pouvoir.
Pour des analystes, cette première semaine a surtout permis d’observer les différentes stratégies de séduction mises en place par les principaux candidats : d’un côté, la continuité et la stabilité prônées par le parti au pouvoir ; de l’autre, le changement et le renouveau défendus par l’opposition, qui tente de mobiliser les jeunes et les abstentionnistes.
À mi-parcours, le bilan reste contrasté. Si certains candidats ont réussi à galvaniser leurs partisans et à occuper le terrain médiatique, d’autres peinent encore à convaincre au-delà de leur bastion traditionnel. À quelques jours de la fin de la campagne électorale, il est évident que certaines équipes de campagne font preuve d’une grande ingéniosité en abusant de l’intelligence artificielle pour tromper l’électorat. C'est quoi le projet ? C’est le RDPC qui a commencé à recourir à cette technologie dans le montage de son clip de campagne, dans le but de polir les images et de les rendre plus agréables à voir.
D’autres équipes de campagne de certains candidats en lice ont pris le relais. Selon des confidences, Cabral Libii aurait utilisé l’intelligence artificielle (IA) pour gonfler certains faits lors de sa tournée en Europe, mais aussi dans le terroir. Celui qui pousse cet usage à l’extrême est bel et bien Issa Tchiroma Bakary du FSNC. À Garoua, dans le Nord, comme à Tsinga, Yaoundé 2ème, le candidat du FSNC a fait un usage abusif et grossier de cette technologie dans le but de forcer son audience.
Dans la capitale régionale du Nord, les experts de l’IA sont clairs là-dessus : les équipes de l’ancien ministre ont repris les images de l’intronisation du lamido de Garoua pour faire croire à une forte affluence lors du meeting de Tchiroma dans la Bénoué, alors que celui-ci n’a pas réuni 3 000 personnes. Il en est de même pour la place du lycée de Tsinga, un vendredi, jour de prière, non loin de la brique et à l’heure de sortie des classes. Le lieu où se tenait le meeting était très évocateur.
Ce petit stade encastré entre 2 murs, délimité par le portail du lycée de Tsinga et qui sépare la petite esplanade du marché artisanal de Tsinga fait à peine 2 000 m2 et donc 1 500 à 2 000 personnes dans un lieu pareil devraient causer des bousculades. Avec l'usage de l'IA sur ces images grossis par 100 ou 200, on obtient une foule virtuelle de 100 à 200 000 personnes. Tel était le but recherché, pensent certains observateurs avertis.