La mobilisation des militants en termes de spots publicitaires et autres banderoles, a un coût, parfois colossal. Mais d’où vient l’argent ? Dans la pratique, le financement de la campagne électorale repose essentiellement sur deux sources : les fonds propres des candidats et les contributions de leur parti politique, souvent alimentés par des cotisations militantes ou le soutien de sympathisants.
Chaque candidat camerounais à l'élection présidentielle perçoit ainsi 15 millions de francs CFA, soit environ 23 000 euros. Une seconde tranche de 15 millions francs sera versée, après le 12 octobre, aux candidats qui auront recueilli au moins 5 % des suffrages. L’analyste politique camerounais Stéphane Akoa explique que « pour l’essentiel, les fonds mobilisés par les candidats pour leur campagne électorale proviennent des ressources qu’ils sont capables de collecter, soit en bénéficiant de dons de supporters, d’entreprises et d’associations qui collectent pour eux des sommes qu’ils leur reversent, soit, quand ils ont une base relativement importante, une base électorale consistante, des cotisations des membres de leurs partis politiques respectifs ».
Au Cameroun, les partis ne se battent pas à armes égales. Au-delà de la légalité, c’est la transparence qui pose un problème. L’on parle d’un flou sur l’origine de certains financements. Stéphane Akoa fait remarquer que « la seule contrainte, en termes de transparence, est celle qui se rapporte au financement public. Donc ceux qui l’ont obtenu sont obligés de rendre des comptes de la façon dont ils ont dépensé l’argent qu’ils ont reçu de l’État pour faire campagne et donc ils sont tenus aux règles de la comptabilité publique ».
En d’autres mots, il n’y a aucun contrôle sur la quasi-totalité des fonds des partis politiques qui proviennent essentiellement des dons privés et des cotisations. Dès lors, au Cameroun, les partis ne se battent pas à armes égales. Pour certains, le RDPC bénéficie de dons individuels qui peuvent se chiffrer en plusieurs centaines de millions de francs CFA, ceci sans transparence ni traçabilité.
L’analyste politique camerounais Moussa Njoya, parle des services de l’État, dont bénéficie le président candidat. « Vous avez la mobilisation des moyens de l'État par le candidat du RDPC, à travers notamment le cabinet civil qui mobilise des moyens colossaux qui se chiffrent en milliards. Mais là où l'asymétrie est fondamentale, c'est au niveau des contributions des particuliers au profit du candidat du RDPC. Ce qui rend difficilement chiffrable le montant de la campagne du président de la République au Cameroun ».