Alors que les Lions s'apprêtent à affronter l'île Maurice mercredi prochain, la liste des 26 de Marc Brys frappe par son audace calculée. Dix attaquants convoqués, un véritable étalage de puissance offensive qui contraste avec le minimalisme défensif. Le sélectionneur joue son va-tout pour la 9e et 10e journée de qualification pour le Mondial 2026.

Après la défaite 1-0 concédée le 9 septembre dernier face au Cap-Vert, les Lions indomptables n’ont plus droit à l’erreur : le moindre faux pas compromettrait définitivement leurs chances de qualification pour le Mondial 2026. Conscient de l’enjeu, Marc Brys a dû se creuser les méninges avant d’arrêter la liste des joueurs retenus pour affronter l’île Maurice mercredi prochain, puis l’Angola à Yaoundé. La composition de cette liste de 26 joueurs obéit à une répartition comprenant : 3 gardiens, 8 défenseurs, 5 milieux et 10 attaquants.

Cette répartition déséquilibrée n'est pas le fruit du hasard mais répond à une nécessité tactique impérieuse. Dans une phase où le goal average pourrait devenir déterminant, le sélectionneur Belge a opté pour une surqualification offensive permettant une adaptabilité face à différents scénarios de match. La présence de quatre profils d'ailiers distincts offre des solutions multiples pour déstructurer les blocs défensifs compacts. Une abondance offensive qui s'articule autour d'une charnière médiane Zambo - Baleba conçue pour assurer la transition défensive-offensive et l'approvisionnement constant des attaquants.

Le retour d'Aboubakar s'inscrit dans cette logique : son taux de conversion dans la surface (38 % de réussite aux tirs lors de ses dernières apparitions sous le maillot camerounais) en fait le pivot le plus fiable pour concrétiser la domination territoriale recherchée.

Une défense sans ses piliers

L'amélioration de la différence de buts nécessite une approche systémique qui dépasse la simple accumulation de talents offensifs. La solution réside dans l'optimisation de trois paramètres techniques majeurs. Premièrement, l'efficacité des transitions rapides : avec des joueurs comme Mbeumo (vitesse de pointe à 35,2 km/h) et Etta Eyong qui était très attendu dans cette liste pour sa première convocation en sélection, les Lions possèdent les armes pour punir les équipes en désorganisation défensive.

Deuxièmement, la maîtrise des ballons arrêtés : dans un groupe où 45 % des buts sont inscrits sur coups de pied arrêtés, la présence de spécialistes comme Nkoudou (centreurs) et Castelletto (déviation) devient un atout. Troisièmement, la gestion des pics d'intensité : la densité offensive permet de maintenir une pression constante par vagues successives, épuisant progressivement les défenses adverses. La gestion individuelle d'Aboubakar sera cruciale, son temps de jeu devra être optimisé entre son impact immédiat et sa préservation physique.

Quant à Etta Eyong, qui pourrait être utilisé par Marc Brys comme un « joker technique » correspond parfaitement aux besoins de déblocage en seconde période, quand les espaces s'ouvrent et que la fraîcheur physique fait la différence. En grande forme en ce début de saison avec Levante, Etta Eyong compte déjà 5 buts et 3 passes décisives.

Schéma de jeu modulable et dominateur

La véritable innovation de cette liste pourrait résider dans sa flexibilité tactique. Match Brys semble préparer un système modulable capable de passer d'un 4-3-3 classique à un 4-2-3-1 ou même un 3-4-3 selon les besoins du match. Une adaptabilité qui permettrait d'exploiter au maximum la polyvalence des joueurs convoqués, comme Hongla pouvant évoluer en sentinelle ou en relayeur, ou Mbeumo capable de jouer ailier droit ou avant-centre. La sélection réduite de défenseurs centraux (seulement 4 pour deux postes) indique une confiance dans la durabilité physique de Castelletto et Ngadeu, mais représente aussi un calcul risqué en cas de blessure.

Le succès de cette approche dépendra ultimement de la capacité de l'effectif à assimiler rapidement les principes positionnels exigés par le sélectionneur, particulièrement dans les phases de pressing haut et de repli défensif. La cohésion tactique, plus que le talent individuel, deviendra le facteur décisif pour transformer cette ambition offensive en résultats.