Actualités of Tuesday, 7 October 2025

Source: Le Messager n°8614 du 6 octobre

Un pays à part : une affaire judiciaire incroyable se déroule dans le département de Wouri

Affaire judiciaire Affaire judiciaire

Attendu que l’audience du 02 octobre dernier devant le Tribunal de grande instance de Douala-Bonanjo démêle enfin l’écheveau et somme la Communauté urbaine de Douala (CUD) de libérer l'immeuble qu’elle occupe illégitimement depuis deux ans, l’affaire a plutôt relancé une nouvelle saison de ce feuilleton judiciaire présenté comme le plus soporifique du département du Wouri.

Espoirs perdus ! Le 2 octobre 2025, au Tribunal de Grande instance de Douala, la fameuse affaire opposant la SCI Bonanjo à la Communauté urbaine de Douala (CUD) était à nouveau à l’affiche. Alors qu’on espérait enfin un rebondissement, une étincelle, voire un soupir du ministère public, l’audience a accouché d’une souris, si n’est qu’elle a en rajouté au suspense. Résultat : silence radio.

Pas de CUD à l’horizon, ni de conseil pour faire illusion. La preuve par 10 que l’institution que gère Roger Mbassa Ndine n’est pas près de lâcher du lest et mettre un terme à ce feuilleton mélodramatique. Habituée au dilatoire et à la théorie du soupçon permanent, elle ne s’est pas fait prier pour envoyer paître son bailleur qui n’attend d’elle que la libération de l’immeuble.

Pour mémoire, la cause revenait cette fois pour les réquisitions du ministère public. Mais, ces dernières s’étant fait porter pâles, le juge a préféré renvoyer le tout au 6 novembre prochain, pour – tenez-vous bien – les mêmes réquisitions toujours attendues. Autrement dit, « on a juste déplacé la sieste d’un mois », commente un Conseil de la SCI/Bonanjo qui qualifie ce nouveau renvoi à de la routine judiciaire.

Dans cette affaire aux allures de filouterie de loyer manifeste et face à un locataire indélicat qui a choisi de brandir pour se justifier des arguments non convaincants, des promesses fallacieuses et des démarches inopérantes, l’homme de droit s’avoue déçu.

« Au Cameroun, on sait qu’il faut toujours lire entre les lignes d’un dossier « banal » dès qu’il touche à une institution publique. Ce n’est plus du droit, c’est de la géopolitique en toge. Car il faut le dire sans se voiler la face : la CUD n’est pas un justiciable comme les autres. C’est un bras administratif du pouvoir central, dirigé par un responsable généralement nommé, béni et maintenu par les hautes sphères. Autant dire qu’elle ne vient pas seule au tribunal : elle traîne derrière elle un cortège d’influences, de protections et de coups de fil du « haut lieu », argue un avocat au Barreau du Cameroun qui peine à comprendre cette valse des renvois à rallonge.

La Justice transformée en salle d’attente

À le croire, « quand une entité publique est sur le banc, la tentation est grande, chez certains magistrats, de « ménager » la chèvre institutionnelle et le chou républicain. Les pressions hiérarchiques ? Fréquentes. Les coups de fil amicaux depuis Yaoundé ? Inévitables. Le tout enveloppé dans un langage feutré : « Il faut laisser le temps au dialogue », « faisons preuve de sagesse », « on attend les instructions ».

Plus surprenant que les décisions se décalent, les réquisitions s’évaporent, les audiences deviennent des séances de gymnastique procédurale. On retarde, on ajourne, on suspend… le tout au nom d’une « patience républicaine » qui sent surtout la protection politique ». La Société civile immobilière (SCI Bonanjo) constate pour le regretter qu’on soit loin de sortir de cet embrouillamini avec pour origine le fameux contrat de bail d’un an signé le 4 septembre 2021 entre la SCI et la CUD.

À bien regarder, la justice semble transformée en salle d’attente et la CUD, bien installée sous son parapluie institutionnel, regardant passer les convocations comme on regarde la pluie tomber. Un trafic d’influence institutionnel ? Appelons un marteau un marteau. Rendez-vous le 6 novembre !