On était jusqu’ici habitué aux mots d’ordre des séparatistes imposant les villes mortes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun. Dans le cadre de la présidentielle du 12 octobre 2025, ces groupes armés ont invité les habitants de cette partie du pays à suspendre leurs activités du 2 au 14 octobre 2025 et à rester à la maison. « La tenue d’une activité politique sur notre territoire sera considérée comme une violation de notre souveraineté nationale », peut-on lire dans le communiqué des « ambaboys ».
Depuis quelques jours, un autre son de cloche semble venir de ces terroristes qui refusent de répondre favorablement à la main tendue du président de la République Paul Biya. Ce son de cloche tire visiblement sa source de la prison centrale de Kondengui à Yaoundé où séjourne un certain Bertin Kisob. Ce dernier a, en effet, adressé une lettre ouverte aux dirigeants ambazoniens, leur demandant de suspendre le lockdown des 11, 12 et 13 octobre 2025 afin de permettre au peuple d’aller voter pour Issa Tchiroma Bakary.
« J’ai déjà un accord avec Issa Tchiroma Bakary : en cas de victoire, il libérera tous les prisonniers de la crise anglophone et entamera des négociations directes avec tous nos dirigeants et tout sera mis sur la table. Je vous demande donc de rendre stratégiquement les journées des 11, 12 et 13 octobre libres, et vous ne le regretterez pas. Je me porte garant d’Issa Tchiroma Bakary. De la même façon que nous avons respecté vos précédents programmes et accepté de ne rendre visite que les samedis et dimanches si nécessaire. S’il est vrai qu’en politique il n’y a pas d’amis ni d’ennemis permanents, en révolution il n’y a même pas d’amis ou d’ennemis, il n’y a que la froideur des actions stratégiques. Le diable appelé Tchiroma peut devenir un sauveur providentiel si vous avez les yeux pour le voir. Il est prêt à se battre pour sa victoire comme jamais auparavant dans ce pays. Aidons-le. La politique et la révolution, c’est du Njangui. Nous devons réfléchir en leaders révolutionnaires et non en enfants émotifs », écrit-il.
C’est dans ce cadre, apprend-on, qu’un accord provisoire sera tissé entre l’Union pour le changement dans la zone anglophone (UPC 2025-zone anglophone) et certains hommes présentés comme des leaders et combattants de l’Ambazonie, accord portant sur la suspension des villes mortes les 11, 12 et 13 octobre 2025, afin de permettre aux anglophones d’aller voter pour Issa Tchiroma Bakary, candidat consensuel de l’UPC 2025. En effet, dans un document signé le 27 septembre 2025 à Bamenda (qui circule sur la toile) et attribué au Général xxxxx, commandant en chef du commandement militaire central de l’Ambazonie au Sol, Ambacom et M. Thomas Asongani, secrétaire général de l’Union pour le changement UPC 2025-zone anglophone, ces leaders fictifs ou réel, s’appuient dans un premier temps sur la lettre ouverte de M. Bertin Kisob, coordonnateur zonal de l’UPC 2025-zone anglophone, adressée aux leaders et combattants de l’Ambazonie, sollicitant la suspension des villes mortes les 11, 12 et 13 octobre afin que notre peuple puisse aller voter pacifiquement pour Issa Tchiroma Bakary.
Dans un second temps, ils considèrent que « que le candidat consensuel Issa Tchiroma Bakary a déjà accepté qu’immédiatement après sa victoire, il libérera tous les prisonniers de la crise anglophone et entamera des négociations directes et effectives avec les leaders anglophones, avec toutes les options sur la table ».
Dans la même veine, considérant que « le peuple camerounais » a déjà choisi Issa Tchiroma comme futur président de la République, ces pseudos ou réels leaders et combattants de l’Ambazonie, ont pris sept résolutions provisoires suivantes : « Les villes mortes actuellement en vigueur dans la zone anglophone seront partiellement suspendues les 11, 12 et 13 octobre 2025 afin de permettre aux Anglophones d’aller voter pour M. Issa Tchiroma BakarY. Les habitants de la zone anglophone seront libres de voter uniquement pour le candidat Issa Tchiroma Bakary. En cas de contrôle des électeurs par les combattants de la liberté ambazoniens, ceux-ci devront déclarer, comme mot de passe en pidgin, qu’ils vont voter pour Papa Issa Tchiroma Bakary. Seuls les véhicules privés et les motos-taxis seront autorisés à transporter les électeurs, les taxis publics restant interdits. Les débits de boisson et autres établissements de loisirs resteront fermés, mais les produits de survie pourront être vendus aux abords des bureaux de vote. Les bureaux de vote sur l’ensemble du territoire anglophone ne seront pas attaqués durant ces 3 jours, mais les combattants conserveront le droit de se défendre en cas d’attaque de l’armée. Les combattants ambazoniens ne tireront pas en l’air pour effrayer les électeurs ».
D’après les signataires de ce pamphlet, d’autres points visant à étendre cet accord à tous les autres candidats de l’opposition et à inclure la circulation des taxis publics sont encore en négociation. L’appel de l’UPC 2025 - zone anglophone, sera-t-il suivi ? Difficile à dire.