Une impression désolante se dégage de mes observations depuis que l'Évêque de Yagoua a invoqué paradoxalement "le diable" comme "sauveur" du Cameroun. En effet, certains citoyens ont décidé de considérer la ruse du diable comme un argument électoral de poids face à la stratégie politique habituelle.
Désormais, dès que vous opposez un argument pertinent aux manigances du "diable", ces nouveaux adeptes du "mal" vous répondent en chœur : "même si c'est le diable, on prend d'abord et on verra après".
Curieusement, ils se recrutent dans les rangs des fanatiques (anciens ?) d'un homme politique qui s'est abstenu de donner une consigne de vote pour ne pas être coresponsable du mal que ferait "le diable" s'il gagne.
Le diable peut-il changer ? Oui ! Mais, il ne s'agit pas du changement attendu par les Camerounais. Il s'agit pour ses intérêts égoïstes, de changer de langage selon la direction du vent.
Opposant à une époque, il était très virulent contre le pouvoir. Entré au gouvernement, il est devenu le plus grand griot du chef. Dans l'incertitude créée par les rumeurs autour de l'âge et de la santé du chef, il s'est dit qu'il peut jouer sa dernière carte, n'ayant plus grand-chose à perdre.
Le diable a subitement changé de langage, conscient du fait que "Paul Biya must go" reste le raccourci le plus populiste pour se faire adouber par un peuple victime de la mauvaise gouvernance de ceux qui comme lui-même, ont utilisé la confiance du chef non pas pour servir le peuple, mais pour se remplir la panse et les poches.
Voilà le seul changement que peut apporter le diable à savoir, transformer la terre des hommes en enfer. Malheureusement pour lui, "son marabout est petit". Comme disait un autre Évêque (Mgr Albert Ndongmo), "le Bon Dieu n'est jamais distrait". Vade retro. Par Jean Paul Ntsengue, expert sénior des questions électorales et politiques.