Comment le président sortant et ses jeunes rivaux s’affrontent sur les réseaux sociaux pour séduire les électeurs

À 92 ans, Paul Biya tente de rajeunir son image grâce à une communication numérique ultra-maîtrisée. Face à lui, une génération de candidats connectés, habitués aux codes des réseaux sociaux, bouscule les règles du jeu politique. Jeune Afrique plonge dans les coulisses de cette bataille générationnelle, où TikTok, Instagram et les influenceurs redéfinissent la campagne électorale.


Jeune Afrique révèle que Paul Biya, longtemps réticent aux réseaux sociaux, a finalement cédé aux conseils de ses communicants. Depuis mai 2025, ses comptes officiels publient quotidiennement des messages ciblés, conçus par une équipe dirigée par Oswald Baboke (cabinet civil) et Bony Dashaco (Full Circle Advertising). Leur objectif : donner l’impression d’une campagne dynamique, malgré l’absence physique du président. Mais cette stratégie a ses limites : les contenus, souvent statiques et institutionnels, peinent à séduire les jeunes, habitués à des formats plus interactifs


Ancien ministre et fin stratège, Issa Tchiroma Bakary mise sur une approche résolument moderne. Jeune Afrique a découvert que son équipe, pilotée par Chrislan Manengs, collabore avec des influenceurs camerounais et des anciens cybermilitants du MRC, comme Boris Bertolt. Leur tactique : des vidéos courtes, des lives interactifs et des campagnes de désinformation ciblée contre le RDPC. Une méthode qui porte ses fruits, notamment auprès de la diaspora et des urbains.

Cabral Libii, avec ses « lettres de campagne » quotidiennes, et Joshua Osih (SDF), qui rediffuse systématiquement ses interventions télévisées, incarnent une nouvelle façon de faire de la politique. Jeune Afrique a analysé leur communication : ils privilégient l’authenticité, les récits personnels et l’interaction directe avec les électeurs. Une approche qui contraste avec le style distant de Biya, et qui séduit une jeunesse en quête de transparence.
Les outsiders : quand le digital compense le manque de moyens
Des candidats comme Serge Espoir Matomba (PURS) ou Patricia Tomaïno Ndam Njoya (UDC) misent presque exclusivement sur le numérique, faute de moyens pour une campagne terrain. Jeune Afrique a constaté que leurs équipes utilisent des outils low-cost (stories Instagram, lives Facebook) pour maximiser leur visibilité. Une stratégie risquée, mais qui pourrait payer dans un pays où 60 % de la population a moins de 35 ans.

La présidentielle de 2025 oppose deux visions du pouvoir : celle, traditionnelle, de Paul Biya, et celle, disruptive, d’une nouvelle génération de politiques. Les révélations de Jeune Afrique montrent que, pour la première fois, les réseaux sociaux pourraient jouer un rôle décisif. Reste à savoir si les électeurs, de plus en plus méfiants envers les manipulations numériques, sauront démêler le vrai du faux.