Dans une tribune au vitriol, le communicant et sémiostratège Arthur Eliot dénonce la dérive des débats sur les réseaux sociaux et dans l'audiovisuel camerounais. Pointant du doigt un quatuor d'influenceurs qu'il surnomme "les Dalton" (Ikoul, Elle, Kamwa, Bossoken), il les accuse de transformer l'espace public en arène de l'insulte et de la manipulation, au détriment d'un véritable débat d'idées. L'affaire de la suspension de l'entraîneur Ndoko pour atteinte aux mœurs sert d'illustration à cette dérive où l'invective remplace l'analyse.
J'accuse les dalton(Ikoul,Elle,Kamwa,Bossoken)
Le paysage audiovisuel et cybernétique camerounais est en proie à des dérives certaines, pris en otage par quelques personnages douteux et identifiables.
Ces énergumènes se sont érigés en légats de la bonne pensée, des bons choix socio-politiques,de la bonne personne à soutenir, de ce qu'on peut dire et de ce qu'on doit dire. Tout choix contraire aux élucubrations fabriquées dans leurs têtes souvent scandaleusement vides vous voue aux gémonies.
Encouragés par une foule souvent inculte et aigrie, foule se recrutant en majorité sur les réseaux sociaux.
Ces gourous de l'injure, de l'invective la plus outrageante,de la critique bête vont , en reprenant les mêmes éléments de langage dénués de tout fondement objectif vous traiter de tous les noms au nom de quelques "vues et likes", en tentant de tromper l'opinion.
Tenez le cas de la suspension récente d'un entraîneur pour problème de mœurs. Ce motif qu'il soit fondé ou pas appelle au moins à la mesure,à la circonspection et surtout à la responsabilité. Sauf que c'est l'occasion pour une poignée de loustics bien connus et souvent mal foutus de dire des bêtises plus bêtes les unes que les autres, juste pour discréditer la fecafoot. Le plus joufflu du quatuor parle même de complot sans aucun élément infirmant le motif de la fédération. Incroyable!
Quand on pense débat, on s'imagine un échange d'arguments techniques,académiques voire intellectuels vérifiables. Or aujourd'hui, c'est à qui insultera le mieux et le plus fort. À la fin, aucune idée particulière ne se dégage de ces confrontations, ce sont justes des combats avec les propos les plus choquants possibles.
C’est un système en circuit fermé qui ne fabrique rien, sinon des Gerard Elle et des kamwa qu'une certaine racaille porte en triomphe.
Ces débats et publications sont des machines à clashs qui permettent de créer des petites vidéos ou des captures qui suscitent des fausses émotions comme la colère ou l’indignation de certains qui sont autant blâmables que ceux qu'ils veulent blâmer et qui, pernicieusement sont des outils promotionnels au service de la chaîne concernée ou de la page utilisée...Certaines pages sont effectivement à vomir. Quand on ne peut pas condamner du harcèlement sur mineure au moins on ne le justifie pas.
Quand vous êtes sur les réseaux sociaux, vous vous retrouvez avec des personnes qui pensent à peu près comme vous et qui vont vous conforter dans vos opinions. C’est ce qu’on appelle le biais de confirmation. Or sur les réseaux sociaux, ça insulte fort, très fort même.
Pour fabriquer des émotions, il faut humilier,mentir,harceler diffamer. Suivez mon regard vers qui vous imaginez. L'entourloupe ne prend donc que les incultes.
Montaigne parlait de l’art de converser. Il expliquait qu’il voulait bien discuter avec des gens qui avaient une opinion totalement différente si elle était bien construite et que cela lui permettait de réfléchir et d’avancer. Cela implique d’écouter son contradicteur et c’est ce qu’il appelait la conversation. Je n’ai pas l’impression que les débats et publications qu’on donne à voir aujourd’hui soient sur ce registre.
L’autre n’est plus un adversaire de débat, il est un ennemi. L’ennemi, c’est celui qu’il faut abattre. Et comme vous n’avez pas beaucoup de temps, vous caricaturez.
Paul Biya, Eto'o, Owona Nguini et quelques autres aux vies professionnelles bien remplies en font les frais. Ils sont tour à tour le diable, le voleur et le pistonné.
Quelques frustrés aux parents ratés rirons, quelques cancres trouveront cela pertinent comme argument, comme si le footballeur devenu président l'était devenu à la place de leurs parents. Le ricanement des hyènes est mondialement connus et une hyène on sait ce qu'elle représente.
La dégradation de la qualité du débat est aussi tributaire de la qualité de ceux qui le suscitent. Et certains, parfois criminellement titulaires de master, n'ont pas le niveau. Parce que même pour faire le bouffon, il faut avoir le niveau.
J'accuse donc ces agités qui se prennent pour ce qu'ils ne sont pas.
Arthur Eliot, communicant, sémiostratège.