Au terme de 46 années de pratique et d’exercice du dur et astreignant métier de journaliste, celui qui fut l’un des pères fondateurs du quotidien « Le Messager » été inhumé samedi 27 septembre, dans son village natal dans l’arrondissement de Baré-Bakem, département du Moungo, région du Littoral.
Baréhock est un village du groupement Baréko de la Commune de BaréBakem, situé entre Nkongsamba, Mbouroukou et Melong II. C’est ici que celui qu’on appelait affectueusement « Edking » a été porté en terre natale aux environs de 12 heures, après le culte d’adieu et les témoignages des amis et membres de sa famille. Au terme de 46 ans de pratique et d’exercice du dur et astreignant métier de journaliste, Jean-Pierre Edouard Kingué a subrepticement quitté la presse le 1er septembre 2025 - certainement à contre cœur - le métier qu’il aimait tant, de même que sa famille, ses amis et de nombreux admirateurs, laissant femmes et enfants, amis et connaissances dans l’émoi et consternation.
Ses nombreux confrères gardent de lui, l’image d’une plume aiguisée, le verbe flamboyant, un maniement cisaillé de la litote, et souvent d’un persiflage fringant. Voilà ce qui caractérisait le journaliste intégral, peu enclin aux joutes verbales sur les plateaux de débats en radio ou à la télévision, lui qui était parfaitement à l’aise sur le clavier de son ordinateur et dans les réseaux sociaux.
Seuls ceux qui l’ont intimement connu, et Dieu sait qu’ils sont peu nombreux de nos jours, qui ont cheminé avec lui depuis son entrée dans ce métier qualifié à tort ou à raison de « plus beau métier du monde », peuvent retracer sans fard ni hyperbole, les jalons de son parcours professionnel riche et édifiant. Féru de culture générale, de littérature et de poésie à ses heures perdues, Edking entre dans la presse à travers ses contributions au Journal « Presse Inter » sis au quartier New-Deido, mais pas pour longtemps. Puis c’est le grand déclic en 1979, avec son entrée dans la rédaction de l’hebdomadaire « Douala Express » de Jacques Kaya où avec Camille Nelle, Pius Njawe,
Sam Deido Eleme, Assako Menye et autres Joseph Ebelle Eboumbou, son pétillant talent d’écrivain éclatera au grand, au point où Pius Njawe le choisit pour aller en sa compagnie créer et lancer le journal « Le Messager » à Bafoussam.
Expertise et professionnalisme
Dévoré par l’ambition qui le tenaillait de posséder son propre organe de presse, Edouard crée « La Vision » qui malgré sa brève existence, aura marqué l’opinion par son style et sa ligne éditoriale absolument remarquables. « La Vision » n’ayant pas fait long feu, Edking dont l’expertise et le professionnalisme étaient indubitablement assis, plonge dans un autre projet éditorial et animant, magistralement pendant près d’un an, les colonnes du Journal « Elimbi » du sulfureux homme d’affaires John Mandengue Epee à Bonantone. Pour autant, son affection particulièrement viscérale pour le Messager, le ramènera auprès de Pius Njawe qui lui confiera, pendant près de dix ans, la responsabilité du Desk de Bafoussam de ce journal devenu au fil des années emblématique dans le paysage médiatique camerounais.
Ainsi au bout de son extraordinaire vécu professionnel, Edking continuera de nourrir « Le Messager » de ses chroniques de haute volée. Les multiples hommages rendus à Pierre Kingue par les confrères depuis l’annonce de son trépas, atteste sans le moindre doute qu’Edouard Kingue était une grande plume. Edouard Kingue est né le 14 mai 1955 à Douala, de feu Edjoka Moïse et de Wanga Massoma Lidienne. Edking laisse une famille éplorée de deux femmes, plusieurs enfants et petits-enfants.
Pour ce qui est de sa vie religieuse, il était membre de l’Eglise Christ Embassy. Pendant le culte d’inhumation, le témoignage de sa fille Jenny Olga Kingue Wanga a fait couler les larmes à plus d’un, tant elle disait emprunter au style littéraire de son père et que les relations entre les deux personnages étaient empreintes à la fois de complicité, de rigueur et de challenge. Jenny Kingue témoigne en effet que c’est son géniteur qui la détermine à choisir la filière communication pour ses études universitaires et professionnelles, dont elle en est fière aujourd’hui.