Actualités of Thursday, 2 October 2025

Source: www.camerounweb.com

Ferdinand Ngoh Ngoh écarté de la campagne de Paul Biya: révélation d'un très grand et sérieux journal international

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Alors que la campagne pour l'élection présidentielle du 12 octobre bat son plein, un changement majeur dans l'organisation de la stratégie électorale de Paul Biya confirme les bouleversements au sommet de l'État. Selon le journal spécialisé Africa Intelligence, le secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, figure pourtant longtemps considérée comme l'homme fort du régime, serait désormais tenu à l'écart de la logistique de campagne.


Cette mise à l'écart intervient après plusieurs mois de tensions au sein du sérail présidentiel. Contrairement aux attentes initiales, c'est le cabinet civil, dirigé par Samuel Mvondo Ayolo, et le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) qui assurent désormais l'intégralité de l'organisation de la campagne du président sortant. Ferdinand Ngoh Ngoh, qui semblait pourtant en position de force au début du septennat, se retrouve ainsi relégué au second plan dans cette phase cruciale.


Dans son édition du 15 septembre 2025, Jeune Afrique avait déjà relevé les signaux d'un affaiblissement progressif de la position de Ngoh Ngoh. Le magazine panafricain soulignait notamment que le président Biya avait entrepris de rééquilibrer les forces au sein de son entourage, après que le secrétaire général de la présidence eut accumulé trop de pouvoir au cours des dernières années.

L'incident qui avait opposé Ngoh Ngoh au ministre de la Communication, René Sadi, en juillet dernier au palais d'Etoudi, avait marqué un tournant. Sadi avait été vertement repris par le secrétaire général pour avoir déclaré sur RFI que la candidature de Paul Biya était encore incertaine. Cette altercation publique aurait, selon plusieurs observateurs, précipité la décision présidentielle de redistribuer les cartes.

Le parti au pouvoir, jusqu'alors relativement discret dans les préparatifs préélectoraux, a retrouvé un rôle central dans la campagne. Cette réhabilitation du RDPC prend tout son sens lorsqu'on sait que Ferdinand Ngoh Ngoh ne fait pas partie du bureau politique de la formation présidentielle. En confiant les rênes de la campagne au cabinet civil et au parti, Paul Biya a ainsi opéré un contournement stratégique de son secrétaire général.


Parallèlement à cette mise à l'écart de Ngoh Ngoh, le président a procédé à la réhabilitation spectaculaire de Joseph Fouda, promu vice-amiral le 15 juillet et confirmé à son poste stratégique de conseiller spécial du chef de l'État. Or Fouda est connu pour être un ennemi intime du secrétaire général de la présidence. Son retour en grâce, après avoir été ébranlé par une enquête liée à des soupçons de trafic d'influence, témoigne de la volonté présidentielle de ménager les susceptibilités des fidèles de la première heure.


Tout au long du septennat qui s'achève, Ferdinand Ngoh Ngoh n'a eu de cesse de disputer au Premier ministre Joseph Dion Ngute une partie de ses prérogatives, notamment le pouvoir de nommer aux postes prestigieux de l'administration. Les deux hommes et leurs fidèles se sont également opposés sur la stratégie à adopter pour résoudre la crise anglophone. Cette rivalité, malicieusement entretenue par le président lui-même selon Jeune Afrique, a culminé avec l'émission par le Tribunal criminel spécial d'un mandat d'arrêt contre Ngoh Ngoh, procédure impossible sans l'aval du ministre de la Justice, Laurent Esso.
Si cette procédure a été suspendue sur demande présidentielle, la querelle menace d'éclater de nouveau à tout moment. D'autant que l'après-scrutin promet d'être agité, avec l'inévitable remaniement ministériel attendu depuis au moins cinq ans et qui devra amorcer la recomposition postélectorale.


Jusqu'ici absent de la scène publique, Paul Biya se prépare donc à mener une campagne courte mais intense, entièrement orchestrée par le cabinet civil et le RDPC. Cette nouvelle configuration interroge sur le devenir de Ferdinand Ngoh Ngoh après le scrutin. Dans l'impitoyable maquis politique camerounais, cette mise à l'écart temporaire pourrait annoncer des changements plus profonds dans l'organigramme du pouvoir, une fois la victoire électorale acquise.
Pour l'heure, tous les belligérants observent une trêve obligée. Mais comme le souligne Jeune Afrique, les couteaux sont simplement rentrés dans leurs fourreaux, et tous les coups seront de nouveau permis après le 12 octobre.