Le directeur du cabinet civil de Paul Biya aurait demandé un budget pharaonique pour remettre en état les résidences présidentielles délabrées, selon des informations exclusives
Alors que le Cameroun traverse une crise économique et sociale majeure, les révélations exclusives de Jeune Afrique sur la gestion des résidences présidentielles jettent une lumière crue sur les priorités budgétaires du régime de Paul Biya.
Selon les informations obtenues par Jeune Afrique, Samuel Mvondo Ayolo, directeur du cabinet civil présidentiel, aurait sollicité la somme astronomique de 32 milliards de francs CFA (environ 48 millions d'euros) pour rénover les palais présidentiels régionaux en vue de la campagne électorale. Une demande qui n'a finalement pas été approuvée, laissant ces résidences dans un état de délabrement avancé.
Cette révélation de Jeune Afrique soulève des questions majeures sur la gestion des deniers publics. Car si cette somme colossale n'a pas été débloquée cette fois, le magazine panafricain précise que "chaque année, des budgets sont en effet déjà alloués pour l'intendance et l'entretien de ces villas."
Où va cet argent si les palais tombent en ruine ? L'exemple d'Ebolowa est particulièrement éloquent : Jeune Afrique révèle que ce palais avait été "réhabilité à grands frais, près d'un milliard de francs CFA" avant d'accueillir Paul Biya en 2011, pour finalement être cambriolé quelques mois plus tard.
Ces révélations de Jeune Afrique interviennent dans un contexte où le Cameroun fait face à de multiples défis : crise séparatiste dans les régions anglophones, menace terroriste de Boko Haram, infrastructures défaillantes, système de santé sous-équipé.
L'enquête de Jeune Afrique montre un décalage saisissant entre les besoins réels de la population et les dépenses somptuaires d'un régime vieillissant. Pendant que des milliards sont engloutis dans des palais vides, les Camerounais ordinaires peinent à accéder aux services de base.
Pour les observateurs de la scène politique camerounaise, ces révélations de Jeune Afrique illustrent parfaitement la déconnexion entre le pouvoir et la réalité du terrain. "Ces palais abandonnés sont le miroir d'un régime qui a perdu le contact avec son peuple", analyse un politologue sous couvert d'anonymat.
L'ironie de la situation n'échappe à personne : un président qui ne visite plus ses résidences régionales mais continue d'y consacrer des budgets considérables, symbole d'une gouvernance devenue fantomatique.
Les révélations de Jeune Afrique tombent à point nommé, à quelques semaines d'une élection présidentielle où la question de la bonne gouvernance et de la gestion des finances publiques devrait être au cœur des débats. Reste à savoir si l'opposition saura s'emparer de ces informations pour interpeller un électorat las des promesses non tenues.